Et de huit ! Ce soir, les téléspectateurs de France 2 vont retrouver les familles Bouley et Lepic puisque la chaîne publique lance la huitième saison de "Fais pas ci, fais pas ça". Qui aurait pensé, lors de son lancement en septembre 2007 (le samedi en access prime time !), que "Fais pas ci, fais pas ça" serait toujours l'une des fictions françaises préférées des Français en 2016 ? Pas Valérie Bonneton, l'inimitable Fabienne Lepic, qui a rencontré puremedias.com il y a quelques jours.
Propos recueillis par Benoît Daragon.
puremedias.com : Dans les saisons précédentes, Fabienne Lepic est devenue grand-mère, elle a été licenciée... Elle va encore être bien secouée cette année ?
Valérie Bonneton : Quand la saison commence, les Lepic sont dans la mouise totale ! Ils n'ont plus de toit puisqu'ils ont vendu la maison de Sèvres et que l'acheteur refuse de payer le montant de la vente. Donc ils se lancent avec Christophe et Tiphaine dans un gîte en Sologne. Un échec cuisant. C'est la tristesse incarnée : il fait froid, tout le monde meurt dans le coin. Par soucis d'économies, ils se nourrissent uniquement de lièvres et de grenouilles. Donc c'est dur pour Fabienne, qui n'a qu'une seule envie : revenir à Sèvres. Ce qui va finir à arriver. Mais comme les enfants ont grandi, une nouvelle vie commence. Même le petit dernier ne veut plus qu'elle vienne le chercher à l'école... Alors elle essaye de continuer sa vie comme avant, en faisant croire qu'elle est débordée. Mais c'est faux, elle ne fait rien de la journée !
Tout ça vous permet de laisser à nouveau exploser la fantaisie du personnage de Fabienne ?
Oui ! Particulièrement dans une scène, en Sologne, où je suis toute seule sur une barque au milieu d'un marais, dans le seul endroit où mon portable capte ! Et j'essaye de paraître très cool et de ne pas montrer mon angoisse quand j'appelle les Bouley. Il y a une autre scène très drôle où je repasse mon permis après avoir perdu des points ! Je vais boire un verre après les cours et je finis, un peu éméchée, en faisant le grand écart sur le trottoir ! Je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai fait ça lors du tournage (rires) !
Ca a été improvisé ?
Oui ! Dans la série on a cette liberté, on peut inventer et proposer des choses. Et quand ça nous fait marrer, on la garde !
Vous en faites souvent des tonnes (le fameux "A taaable" !). Vous vous dites parfois que vous allez trop loin ?
Vous trouvez ? Je m'efforce pourtant à ce que ça reste toujours crédible. Si la série marche, c'est qu'elle reste toujours vraie et sincère. Je pense qu'il y a des gens comme Fabienne !
Rassurez-nous, vous ne vous comportez pas avec vos propres enfants comme avec ceux de la série ?
Non (Rires) Mais c'est vrai que la série est un exutoire. Avant de débuter la série, j'étais entourée d'enfants en bas âge à la maison. J'étais tout le temps dans l'intendance des repas, de l'école, etc. Je n'en pouvais plus de répéter dix fois par jour : "Venez manger, c'est prêt et ça va être froid !". Du coup, Fabienne m'a permis de tout lâcher...
C'est une récréation, cette série ?
Non car c'est beaucoup de travail ! On se lève très tôt le matin et on enchaîne les grosses scènes toute au long de la journée. Après on fait ça dans un climat de confiance et on a beaucoup de fous rires avec Guillaume de Tonquédec (son partenaire, ndlr) mais il faut être concentrée et mettre de l'énergie dans chaque prise !
Est-ce que "Fais pas ci, fais pas ça" vous amuse toujours vous en tant qu'actrice ?
Bien sûr, sinon je ne la ferai plus ! Je ne me force pas. Ce qui me plaît c'est de pouvoir proposer des choses en dehors du texte ! C'est vrai qu'il y a eu une année où je me suis moins amusée, car j'avais moins à jouer. J'avais un tournage donc on avait imaginé un déplacement au Québec, pour concilier les deux. Du coup, j'étais souvent seule, c'était moins drôle pour moi. Mais cette année, je me suis vraiment éclatée.
Vous aviez envisagé d'arrêter ?
Il y a deux ou trois saisons, j'ai eu le sentiment que nous étions arrivés au bout. Ca commençait à me lasser. Et là, cette saison, je me suis tellement éclatée que je ne me pose plus la question.
Vous avez resigné pour une neuvième saison, dont le tournage commencera au printemps. Et la dixième ?
(elle chante) Que Sera Sera...
La fin, vous y pensez sérieusement ?
Naturellement, il y a un moment où ça va s'arrêter. Ce sera dommage mais on ne va pas faire ça 20 ans ! Mais on se dit chaque année qu'on va arrêter (rires). Même si les scénaristes trouvent toujours des situations ou des dialogues très drôles, il ne faut pas épuiser le format et faire la saison de trop. Peut-être que ça s'arrêtera pendant 5 années et que ça reviendra. Je ne sais pas. Je n'y pense pas trop en fait.
Une des forces de série c'est qu'elle revient tous les ans. C'est une contrainte pour vous qui travaillez beaucoup en parallèle ?
Cela ne dure que quelques mois dans l'année et on peut avoir des projets à côté. Les producteurs se débrouillent toujours pour trouver des solutions pour que la série se fasse en temps et en heure, quitte à découper le tournage ou à inventer des stratagèmes pour faire coïncider les agendas des uns et des autres.
C'est important pour vous de garder ce rythme d'une saison par an ?
Oui ! Si je m'engage c'est pour le faire dans ces conditions-là. Avec toujours l'angoisse de savoir comment sera le texte, si il y aura des scènes marrantes. Même si on a de très bons auteurs, il est déjà arrivé qu'on renvoie un texte décevant à un mois du tournage pour qu'il soit retravaillé. On a parfois demandé à revoir certaines scènes car, selon nous, elles ne correspondaient pas aux personnages.
Cette série est suivie par 5 millions de téléspectateurs. Est-ce que vous la continuez parce qu'elle marche ?
Non ! Bien sûr, beaucoup de gens m'en parlent. En ce moment je suis au théâtre avec Daniel Auteuil (dans la pièce "L'envers du Décor"), et les gens viennent me voir à la fin de la pièce. Mais on reste par envie. On reste parce que ça nous plaît à tous et pas pour faire plaisir à ses copains ou au public. Ca ne pourrait pas marcher sinon.
Dix ans bientôt que vous vivez avec cette série. Elle représente quoi dans votre vie ?
Une grande chance. Quand "Fais pas ci, fais pas ça" est arrivée, j'avais envie d'arrêter ma carrière. Quand j'ai reçu le texte j'ai trouvé ça super bien écrit. C'était un beau cadeau. Et c'est aussi une fierté car aujourd'hui tout le monde veut faire des séries. Mais il y a 10 ans, c'était moins bien vu.
Pourquoi vouliez-vous arrêter votre carrière ?
Car ça ne marchait pas comme je voulais, ça n'avançait pas. Je tournais trois jours par ci, par là. Je ne voulais pas passer ma vie à faire des essais pour trois jours de tournage. J'ai d'abord envie d'être heureuse avant d'être actrice. Et je n'étais pas heureuse.
Et votre carrière a explosé après le lancement de "Fais pas ci, fais pas ça". Hasard ou coincidence?
Je ne sais pas... En 2008, j'ai joué au théâtre "Le Dieu du carnage" de Yasmina Reza et j'ai eu un Molière. Puis il y a eu "Les petits Mouchoirs" de Guillaume Canet. Je crois que les choses se font quand elles doivent se faire. Et là tout est arrivé en même temps. C'est super. La décennie a été géniale. Mais rien n'est jamais acquis. Si un jour je travaille moins je ne serai pas malheureuse.
Les séries françaises marchent très fort en ce moment...
Le cinéma est devenu tellement difficile que les séries prennent toute la place... L'avenir des acteurs est à la télévision. Et je croise plein de comédiens qui me disent qu'ils rêveraient de faire une série comme celle-ci.
Au cinéma, on vous a vu récemment dans "Le Grand Partage" d'Alexandra Leclère. Vous jouez tous les soirs au théâtre dans une pièce comique avec Daniel Auteuil. La comédie c'est définitivement votre créneau ?
J'adore les personnages qui ont un grain de folie mais j'en ai un peu marre là. Je n'ai plus envie de jouer la femme forte et dure. En ce moment, on me propose uniquement ce genre de personnages... donc stop ! Finalement, quand les gens ne vous connaissent pas, vous n'êtes pas cataloguée et vous pouvez tout jouer. Mais quand il y a un truc qui marche, ils exploitent le filon...