Samedi soir, devant 6,9 millions de téléspectateurs et 33% du public, Yoann Fréget a été sacré grand gagnant de la deuxième édition de "The Voice, la plus belle voix" sur TF1. Le chanteur de 26 ans, qui souffre de bégaiement, a obtenu 28% des suffrages, soit 0,2 points de plus qu'Olympe, arrivé deuxième ! Ce lundi, Yoann Fréget a répondu aux questions de puremedias.com sur l'aventure, ses rencontres, l'après-"The Voice" et les critiques envers l'émission.
Propos recueillis par Kevin Boucher.
puremedias.com : Tu avais l'air assez serein quand Nikos a dit ton nom samedi soir. Tu t'attendais à gagner ?
Yoann Fréget : Non, je ne m'y attendais pas. Mais je voulais faire les choses sereinement, sans être dans l'excès. Je suis naturellement comme ça, en fait. C'est vrai que les gens m'ont vu sur scène et que, parfois, je peux être assez excité donc du coup, peut-être que les gens s'attendaient à ça. Il y a une certaine pudeur aussi à ce moment-là, par rapport à toutes les choses que l'on ressent et par rapport au fait qu'on a gagné parce qu'on est passé devant trois autres personnes aussi. Donc moi, je me vois mal me mettre à sauter dans tous les sens. A ce moment-là, ma réaction spontanée, ce n'est pas ça. Je remercie d'ailleurs tous les gens qui m'ont soutenu. Ca peut paraître un peu bateau mais pour moi, c'est grâce à eux que je suis là aujourd'hui.
Te retrouver face au favori Olympe, ça ajoutait un peu de piment à la finale ?
Non, pas vraiment. Il était là et moi, j'étais là. On est chacun des artistes avec nos trucs à donner et voilà. Je suis très perfectionniste donc j'ai déjà fait cette recherche-là d'aller toujours plus loin, de donner des trucs plus intenses aux gens, d'être toujours plus authentique. Donc le fait qu'il y ait Olympe ou d'autres gens, ça ne change pas. Moi, je suis dans la même dynamique en tant qu'artiste qui est un dépassement de soi et de toujours proposer quelque chose de nouveau aux gens. Donc non, ça n'a pas mis un piment. Olympe était là comme tout le monde, il avait son truc à faire.
Zaz, avec qui tu as chanté en duo samedi soir, est venue te féliciter après la victoire ?
Zaz était très contente quand j'ai gagné. Je n'ai pas pu la revoir après mais on a eu un très bon échange avec elle avant de monter sur scène et pendant. J'ai vu sa réaction quand elle a vu que j'ai gagné et elle était très, très contente. C'est une très, très belle rencontre et on est vraiment dans le même esprit avec elle, cette joie de vivre, de transmettre ça par la musique. Une très belle rencontre humaine et artistique avec elle.
Et avec Garou, comment se passait le coaching ?
Il y a vraiment une complicité qui s'est renforcée. Ce n'est que du positif sur toute la ligne cette rencontre. Sur "Amazing Grace", notre duo, on a vécu tous les deux un moment très très fort qui a touché énormément de gens et, pour certaines personnes, a fait pencher la balance. J'étais très content de partager ce chant. En plus, "Amazing Grace" était mon premier solo quand j'ai commencé le gospel donc ça représentait énormément pour moi.
Tu imagines travailler avec Garou sur ton album ?
Ah oui, je l'imagine complètement ! D'autant plus qu'il m'a proposé d'être à mes côtés. Très gentiment, il m'a dit qu'il voulait faire tout ce qu'il était possible de faire pour m'aider. Donc la porte est très grande ouverte pour qu'il soit là. Pour moi, c'est une personne qui m'a touché au coeur. Je fonctionne vraiment comme ça. Quand il y a des gens où je ressens vraiment ce côté humain qui est très, très fort et qu'il y a quelque chose qui passe, la porte est grande ouverte. Et dans son cas, je sais qu'il pourra beaucoup m'apporter en plus.
Tu as déjà eu le temps de discuter avec Mercury de l'album ?
Non, pas encore.
Tu as déjà une idée de ce que tu veux faire ? Des reprises peut-être ?
Non, des reprises, clairement non. Là, c'est le moment. Il faut faire mon album et je suis vraiment à la recherche d'auteurs-compositeurs inspirés. Moi-même, j'ai créé et j'ai souvent des idées de mélodie mais je n'ai rien de suffisament abouti pour que je le mette dans un album. Et mon but, ce n'est pas de proposer absolument ce que je fais, c'est avant tout que mon message se retrouve dedans. Mon message, c'est d'avoir une énergie qui peut faire du bien aux gens. Et ça, je sais qu'il y a des auteurs-compositeurs qui pourront être inspirés par cet esprit-là et je suis sûr de faire de très belles choses. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas trop attendre pour sortir l'album mais il est hors de question qu'il soit bâclé. Je veux vraiment que cet album soit excellent et qu'il y ait de très belles collaborations dessus. Et vu que j'ai déjà des contacts de la musique avant, des Etats-Unis par les tournées que j'ai faites auparavant, et Universal qui est là, je pense qu'il y a tout pour.
L'album du gagnant de l'an dernier, Stéphan Rizon, n'a pas rencontré le succès. Ca te met une pression supplémentaire ?
Non. Chaque artiste a son histoire, en fait. Ce que je sais simplement, c'est que ça me prouve qu'il faut faire très attention à ce qu'on a dans cet album et a vraiment être sûr de son coup, donc on fera tout pour que cet album soit vraiment à l'image de ce que j'ai donné dans cette émission. Comme je l'ai déjà dit, j'ai vraiment essayé d'être moi-même dans cette émission et je sais que j'ai réussi. Mon album, ce sera la continuité de ça.
Louis Bertignac avait déclaré à propos de Stéphan qu'"il s'était mis dans une galère" en gagnant "The Voice". Remporter "The Voice", c'est un cadeau empoisonné ?
Non, ce n'est pas du tout un cadeau empoisonné de gagner "The Voice" ! C'est une grande reconnaissance de la part des gens. Il ne faut pas oublier que là - je ne sais pas les chiffres exacts - des millions de votes ont été recensés, donc ça montre qu'il y a l'ensemble de la France qui est là. Et si je suis là où je suis, c'est parce que j'ai touché le coeur des gens. Maintenant, il ne faut pas se reposer sur ses lauriers. Il faut faire un bon usage de ce titre et de cette victoire. Je garde la tête sur les épaules, je ferai tout pour.
Pour parler plus généralement de l'émission, depuis deux saisons, dans la version américaine de "The Voice", le public est seul à voter parmi tous les candidats et un coach peut ainsi se retrouver sans talent. C'est un système qu'on pourrait appliquer en France ?
Je trouve ça bien qu'il y ait le coach aussi parce que ce sont des artistes aboutis et qui savent aussi ce que c'est. Après, je pense que les deux ont leur importance et j'apprécie dans l'émission qu'il y ait le public et le coach, qui a une autorité artistique, toute une carrière derrière lui et qui est aussi à même d'évaluer certaines choses par la notoriété qu'il a dans le milieu. Je trouve que ça équilibre les choses avec le public. Je ne pense pas spécialement que ce soit une bonne chose qu'il n'y ait que les téléspectateurs. Je pense que c'est bien que ce soit comme ça aux Etats-Unis et que c'est bien que ce soit comme ça en France, en fait. Il faut de la diversité aussi. Si tous les "The Voice" se ressemblaient, ce ne serait pas intéressant.
Justement, lors de la demi-finale, Jenifer a été très critiquée pour avoir sauvé Olympe alors qu'Anthony Touma avait été plébiscité par le public. Comment l'as-tu vécu de l'intérieur ?
Je suis quelqu'un qui se préserve beaucoup de ce genre de choses-là. Toutes les polémiques, tout ça, ce n'est pas mon truc. Je suis vraiment là pour être un artiste et délivrer le meilleur pendant mes prestations donc j'évite de me disperser dans toutes ces choses-là. Ce qui est sûr, c'est que toute l'agressivité qui a été générée par ça et par cette polémique, ce n'est pas une bonne chose du tout. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas d'accord qu'on doit être agressif. Moi, personnellement, il est clair que je préférais Anthony parce que c'est quelqu'un qui me touche profondément depuis le début de l'aventure. C'était l'un de mes favoris. Après, ce n'est pas parce que je préférais Anthony que j'ai été agressif. Pourquoi être aussi vindicatif et tout ça ? Je ne suis pas dans tout ce système-là. C'est un jeu et c'est comme ça. Et c'est clair qu'Anthony avait sa place pour la finale et je comprends à 1.000% que le public soit déçu parce que moi aussi j'étais déçu. Mais après, c'est le jeu et Anthony, ça ne l'empêchera pas de faire une belle carrière parce qu'il a touché énormément de gens, au Liban également où c'est une star absolue. En plus, sa voix a eu cette reconnaissance donc je ne me fais pas de souci pour lui.
Tu pourrais faire un duo avec lui sur ton album ?
Ah oui ! J'aimerais beaucoup ! On en a déjà parlé avec Anthony mais pas avec Universal car pour le moment, on ne s'est pas rencontrés. Avec Anthony, on partage la même âme qui nous pousse à chanter. C'est pour ça que j'aimerais faire quelque chose avec lui.
Avant la finale, dans "Touche pas à mon poste" sur D8, Gérard Louvin a déclaré que les quatre finalistes avaient de belles voix mais qu'aucun n'avait de charisme.
Je le trouve un peu arrogant de dire une telle chose. En tout cas, c'est son avis parce que je pense que, depuis le début, tous les talents de "The Voice" ont leur charisme propre. Après, on est sensible au charisme de quelqu'un ou pas, c'est autre chose.
Il y a aussi eu de petites critiques sur le fait que les coachs étaient trop gentils envers les talents à l'issue des prestations.
Non, je pense que c'est justement la richesse de cette émission. Malheureusement, je pense qu'en France, on a cette culture d'aimer tout ce qui est acide. Ce qui fait la force de "The Voice" et c'est pour ça que ça plaît autant aux gens, c'est que ce n'est pas une émission pour casser l'artiste ou pour dévaloriser. C'est une émission qui est là pour encourager avant tout. Et je pense que quand on n'aime pas ou qu'on n'apprécie pas, on n'a pas l'obligation de l'exprimer non plus. Je pense qu'encourager, ça pousse aussi la personne à se dépasser et j'aime ça. C'est ça qui a fait que j'ai fait cette émission et pas une autre. Il n'y a pas ce principe de casser les gens qui, personnellement, m'insupporte grandement. Je pense que la méchanceté gratuite n'est pas quelque chose qui fait avancer la société dans le bon sens.
Tu as dit dans la presse que tu avais déjà été approché pour la première saison de "The Voice". Pourquoi ça ne s'est pas fait ?
En fait, je suis quelqu'un qui est vraiment à l'écoute de ce que je ressens donc j'attends toujours le bon moment. J'avais commencé à faire les pré-castings. Et quelques jours avant de signer le contrat pour les auditions à l'aveugle, j'ai réalisé que je n'étais pas prêt et que ce n'était pas le moment. Donc j'ai fait marche-arrière. Et je n'avais pas eu suffisamment de temps pour parler avec la production pour être sûr de faire des textes qui me correspondaient. Parce qu'autant je suis flexible musicalement, autant le message que je veux donner, je le connais et la vulgarité dans la musique, c'est quelque chose qui ne me touche pas du tout.