Attention, sujet sensible. Ce matin, Bruce Toussaint organisait dans sa matinale d'Europe 1 un débat sur le droit de vote aux étrangers, une promesse de François Hollande qui semblait enterrée et que le Premier Ministre a relancée hier. Pour cela, l'animateur a invité dans les studios de la radio Christian Estrosi, le député-maire (UMP) de Nice, et Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, sénateur (Vert) de l'Essonne. Les deux hommes se sont très vivement affrontés.
Alors que Jean-Vincent Placé s'est félicité du retour de "l'engagement pris par le président de la République pendant sa campagne", Christian Estrosi a vigoureusement dénoncé le projet de réforme : "Ce n'est pas un débat qui divise la classe politique. C'est pire ! C'est un débat qui divise considérablement le pays". Dès la troisième minute de la confrontation, le ton est monté d'un cran quand Estrosi a déclaré : "Ce qui me révolte le plus, c'est de donner le droit de vote à des personnes qui haïssent la France, qui détestent la laïcité et qui refusent nos lois. Quand vous pensez qu'il y a des ressortissants de pays dont la religion s'impose à toutes les règles".
"Mais qu'est ce que vous racontez Monsieur Estrosi ?", l'a interrompu Jean-Vincent Placé. "Il y a 1.800.000 personnes concernées et vous racontez que tous ces gens-là haïssent la France, c'est lamentable !". Une remarque qui n'a pas perturbé Estrosi, qui a poursuivi sa démonstration : "Quand on aime la France, quand on a envie de (...) témoigner sa passion pour notre pays, il suffit de demander la nationalité et de démontrer par son comportement citoyen qu'on est digne de devenir citoyen français".
"Il est bien trop tôt pour entendre de pareilles âneries", s'est offusqué Placé. "On demande à ce que ces gens vote aux élections municipales, les Français sont majoritairement d'accord selon tous les sondages (...) et vous racontez que ce sont des gens qui haïssent la France. et vous venez raconter ça sur une radio le matin de façon tranquille. C'est lamentable", a-t-il balancé calmement, répétant plusieurs fois les mots "âneries" et "lamentable". "Je suis d'habitude un débatteur courtois mais quand j'entends des trucs comme ça, franchement ça me fait bondir", a conclu l'élu écologiste.
"Votre comportement est tout à fait déplacé" a enchaîné Estrosi. Pendant les deux dernières minutes de l'entretien, les deux débattants n'ont cessé de parler en même temps, rendant leur propos inaudibles, laissant tout de même entendre une attaque de l'ancien ministre de l'Industrie : "Si vous saviez à quel point les gens se disent : 'cet homme n'est pas digne de représenter les institutions de la république au Sénat'. Ce matin, votre vrai visage est apparu."
Très énervé l'un envers l'autre, Christian Estrosi et Jean-Vincent Placé ont continué leur débat après l'émission à coup de tweets rageurs ! Sur son compte officiel, le leader écologique a retweeté de nombreux messages s'offusquant des propos d'Estrosi, n'hésitant pas à rajouter un commentaire : "Quelle honte de tenir de tels propos avec tant de morgue et de suffisance" ou "J'en suis encore stupéfait". Il s'est également laissé aller à un message on ne peut plus clair : "Grosse engueulade avec #estrosi dans les studios d @Europe1 après ses propos sur "les étrangers qui ont la haine de la France " #lahonte"
Christian Estrosi lui a répondu une dernière fois sur le réseau social en écrivant : "Que M. Placé m'insulte cela m'importe peu. Mais qu'il insulte des millions de Français montre son peu de respect pour le pacte républicain".