"J'ai l'impression d'aller chez le dentiste, et sans anesthésie" a commenté Nicolas Sarkozy à son arrivée dans les studios de France Inter ce matin, où il était l'invité de la matinale. Le rôle du méchant docteur a visiblement été confié à Thomas Legrand, éditorialiste maison. Dans son billet sur le pouvoir et les mots, il a dénoncé "la stratégie de l'occupation médiatique par le déferlement d'annonces", jugeant que "la puissance des mots s'est heurté aux limites du volontarisme" au cours de ce dernier quinquennat. Le journaliste égrène les grandes annonces de Nicolas Sarkozy qui n'ont pas été suivies des faits : la fin des paradis fiscaux, la politique de la rénovation urbain, de civilisation, la discrimination positive, la France des propriétaires... "Des concepts forts ont été abandonnés. Après avoir été proclamés, les mots forts disparaissent" note Thomas Legrand.
Comme les taxis parisiens : "Nicolas Sarkozy répète qu'il n'a jamais reculé sur rien. Imaginez ce que pensent les taxis parisiens en entendant cela, les taxis ont menacé de faire grève et la réforme tant vantée a été abandonnée." Pour Legrand, "le péremptoire s'est cogné à la réalité" et "Nicolas Sarkozy aurait pu éviter qu'il en soit ainsi." S'il y avait eu un dialogue, "ses mots se seraient naturellement ajustés par la confrontation." Il reproche par ailleurs aux présidents français leur stratégie de communication, "un monologue sécurisé qui sidère nos confrères européens."
Le Chef de l'Etat n'a pas pu résister à son envie de réagir, juste après sa chronique. "J'écoute toujours avec beaucoup d'intérêt Thomas Legrand. Au fond, j'aurais dû plus l'écouter alors ? Vous savez ce qu'on va faire, je vais le remplacer comme éditorialiste et lui deviendra président de la République et je suis persuadé que je pourrai pointer comme il le fait mes erreurs" a-t-il lancé. "De communication" précise le journaliste. Si vous avez raté sa chronique, elle est disponible ci-dessous. La réaction de Nicolas Sarkozy est à écouter ci-dessus.