C'est depuis le Calvados, en plein tournage de la prochaine saison de "La carte aux trésors", le jeu estival de France 3 qu'il anime depuis 2018, que Cyril Féraud a accordé à puremedias.com un peu de son temps (précieux) pour évoquer sa rentrée et sa nouvelle vie, qui s'articule désormais autour de Tim, son fils. Alors qu'il vient tout juste de reprendre les rênes de "Tout le monde veut prendre sa place" sur France 2 (retrouvez la première partie de l'interview de Cyril Féraud sur ce sujet ici), l'animateur et producteur fait le bilan de la saison dernière et évoque ses nombreux projets à venir, entre "100% Logique", "Le Quiz des champions", "Duels en famille" ou encore "La carte aux trésors".
Propos recueillis par Léa Stassinet
puremedias.com : Vous venez de prendre les commandes de "Tout le monde veut prendre sa place" sur France 2, ce qui a entraîné votre départ de "Slam" sur France 3. Comment l'avez-vous vécu ?
Cyril Féraud : "Slam" c'est un très beau bébé avec lequel j'ai grandi pendant 16 ans. C'est une énorme page de ma vie qui se tourne avec beaucoup d'émotion parce que 16 ans d'émissions quotidiennes, ça représente presque 5.000 épisodes, c'est vertigineux. J'ai commencé cette émission quand j'avais 23 ans, personne ne me connaissait. J'ai grandi avec les téléspectateurs, ils m'ont vu évoluer. C'est rare les histoires d'animateurs ou d'animatrices qui commencent très jeunes et que les téléspectateurs voient mûrir au fur et à mesure des années. C'est une très belle histoire qui se referme pour moi et qui continue avec Théo Curin. Je suis très fier d'avoir d'avoir piloté ce jeu pendant 16 ans avec des équipes aussi qui sont formidables. D'ailleurs, certains membres de l'équipe m'ont suivi sur "Tout le monde veut prendre sa place" parce qu'il y a une relation de confiance qui s'est installée et qu'il n'était pas question de partir sans eux. Et je souhaite tous les bonheurs du monde à Théo (Curin) dans cette nouvelle aventure. Dès le premier épisode, il s'est approprié le jeu dans le sens où il le présente d'une façon très différente de ce que je faisais de moi, et c'est exactement ce qu'il fallait faire.
Et vous ne quittez pas pour autant les après-midis de France 3...
Tout à fait. Je continue à présenter le jeu "Duels en famille" juste avant "Slam" parce qu'il n'était pas question de partir sur France 2 en abandonnant les téléspectateurs de l'après-midi qui m'ont fait confiance pendant toutes ces années. J'ai un grand sens de la fidélité et je ne voulais pas qu'on puisse se dire : "Il part le midi sur France 2 et il nous laisse tomber". Désormais, dans les jeux de l'après-midi sur France 3, il y aura Théo (Curin, ndlr), Samuel (Etienne, ndlr) et moi.
Vous êtes en plein tournage de "La carte aux trésors". La dernière saison s'est achevée le 23 août dernier dans des conditions de diffusion particulières avec les Jeux de Paris 2024. Les audiences ont été un peu décevantes (1,66 million de téléspectateurs en moyenne). Regrettez-vous ce choix de programmation ?
Je peux difficilement regretter parce que c'était une obligation à cause des JO et des Paralympiques. "La carte aux trésors" et "Fort Boyard" ont été diffusés cet été là où il y avait de la place (rires). C'est vrai qu'il y a par exemple eu 3 épisodes sur une semaine, puisqu'on a été diffusés le vendredi, puis le mercredi, puis à nouveau le vendredi. C'est sûr que ça faisait quand même beaucoup. Sur une saison, 4 épisodes ont été diffusés cet été dont 3 très rapprochés. Donc oui, le bilan d'audience est moins bon que la saison précédente qui avait été une saison record. Mais sincèrement, je pense que le contexte était tellement particulier qu'il n'y a rien de négatif à tirer de tout ça. On est quand même monté jusqu'à 13,7% d'audience un soir ce qui est un score très puissant pour le vendredi de France 3.
Combien y aura-t-il de numéros la saison prochaine ?
Il y aura 5 nouveaux épisodes pour la saison à venir. Sachant que pour cette saison actuelle, il y a encore un épisode qu'on n'a pas diffusé et qui arrivera d'ici quelques semaines. Parce que vous imaginez bien que diffuser 4 épisodes en une semaine, là pour le coup ça aurait vraiment l'overdose. (rires)
Parmi les autres programmes que vous animez, il y a "Le Quiz des champions", qui revient le 21 septembre prochain en prime sur France 2. Y aura-t-il des nouveautés ?
Oui, il y a une nouvelle manche flambant neuve. Une nouvelle manche 2 qu'on a appelée le défi, où les champions vont s'affronter en duel sur des questions de liste. Avant, ils avaient 30 secondes pour nous donner un maximum de bonnes réponses. Là, ils vont s'affronter en face-à-face sur un thème qu'ils auront pioché au hasard, comme ça personne ne pourra dire tel ou tel champion est privilégié. Et ils vont devoir chacun leur tour donner une réponse. Et vous allez voir que c'est là où on voit à quel point ils sont extraordinaires. Quand on les fait jouer, par exemple, avec les capitales asiatiques, c'est hallucinant d'être capable de nous en sortir autant. C'est bluffant. Et ça crée encore plus de suspense sur le tournage. "Le Quiz des champions", c'est l'une des émissions dont je suis le plus fier. Parce que de pouvoir rassembler à la fois tous les champions de tous les plus grands jeux télé de France et de pouvoir aussi rassembler devant la télé les téléspectateurs qui sont fans de tous ces jeux, c'est une grande fierté. C'est vraiment la Ligue des champions des jeux télé.
Aimeriez-vous avoir Émilien (maître de midi depuis le 25 septembre 2023 dans "Les 12 coups de midi" sur TF1, ndlr), dans "Le Quiz des champions" ?
Quand il aura perdu, s'il perd un jour (rires), évidemment qu'il est invité ! La porte est grande ouverte s'il en a envie. Tous les plus grands champions nous disent "ok" tout de suite pour venir, donc j'espère qu'un jour il participera.
"100% Logique" va aussi revenir, pour une 4e salve. Est-ce que vous allez modifier des choses dans la mécanique du jeu ?
Non, parce que la mécanique est imparable. Modifier pour modifier, ça n'a pas de sens. Quand un jeu est un succès, on peut apporter des touches de nouveautés comme on l'a fait sur "Tout le monde veut prendre sa place" parce que le jeu existe depuis 18 ans, mais changer une mécanique qui est un succès ça n'a pas vraiment de sens. Dans "100% Logique", on a l'impression de sans cesse modifier le jeu. C'est sans doute le jeu le plus compliqué à construire et à produire parce que renouveler sans cesse les typologies de questions, c'est très difficile. On n'est pas dans la culture générale, on est dans la logique donc il ne faut pas qu'on retrouve les mêmes types de questions d'émissions en émission, il faut toujours se creuser l'esprit pour surprendre les téléspectateurs. Sachant que ce qui fait la force de cette émission, c'est aussi la complexité. Il faut réussir à créer de nouvelles questions auxquelles les enfants de 10 ans peuvent répondre, mais aussi leurs parents et leurs grands-parents. La fierté de "100% Logique", c'est de réussir à rassembler sur le même canapé les enfants, les parents, les grands-parents comme il y a 10 ou 20 ans. Ce qui m'a donné envie de faire de la télé, c'était de passer mon samedi soir devant la télé à regarder des jeux ou des divertissements avec mes parents. Et de me dire qu'aujourd'hui, il y a des familles entières qui jouent tous les samedis soir à "100% Logique", c'est la plus belle récompense.
La première saison de "The Floor", avait bien fonctionné. Est-ce que vous prévoyez des changements pour la prochaine ?
Oui il y aura des changements dans la mécanique mais je ne peux pas vous dire encore lesquels parce qu'il est trop tôt. Mais nous avons écouté les retours des téléspectateurs et je peux vous dire que celui ou celle qui remportera les 100.000 euros dans cette nouvelle version aura vraiment été exceptionnel(le). Quand on a lancé "The Floor", beaucoup de gens nous disaient : "Jouer pendant une soirée entière qu'avec des images, est-ce que ça va pas être beaucoup ?". Mais au-delà de tester sa culture générale d'une autre façon, il y a tout l'aspect stratégique et feuilleton de "The Floor" qui est fantastique. C'est un énorme pari parce que c'est la première fois sur France Télévisions qu'on faisait un jeu feuilletonnant sur 4 semaines. Beaucoup de gens nous disaient : "Mais comment vous allez réussir pendant 4 semaines à tenir les téléspectateurs en haleine ?", et je leur disais : "Vous allez voir la puissance de cette émission qui est hypnotique quand on joue, et dans laquelle on suit de véritables héros qu'on a envie de retrouver semaine après semaine".
Vous animez beaucoup de jeux. N'avez-vous pas peur de vous enfermer dans cette case-là ?
Je ne le suis pas. Et c'est une chance parce qu'effectivement, en télé, on a tendance à enfermer des gens dans des cases mais moi j'ai la chance d'animer aussi bien des jeux que de présenter les "Victoires de la musique", le Festival interceltique de Lorient, "Musiques en fête", ou le Festival du cirque de Monte-Carlo. Moi je ne me sens pas du tout enfermé dans une case et je remercie France Télévisions parce que c'est rare de pouvoir piloter des émissions aussi différentes avec des styles différents. C'est quand même chouette de pouvoir faire ce grand écart-là.
Justement vous avez animé l'an dernier les "Victoires de la musique" sur France 2 avec Léa Salamé. Avez-vous apprécié l'expérience ? Vous seriez prêt à le refaire cette année ?
J'ai adoré présenter cette émission avec Léa. Ça a été une vraie rencontre aussi bien professionnelle que personnelle. Et j'ai pris beaucoup de plaisir parce qu'on ne sait pas faire la même chose, on n'est pas sur le même registre, et c'est ce qui a fait que notre duo a aussi bien fonctionné. Alors que ce soit pour les "Victoires de la musique" ou autre chose, j'espère un jour retrouver Léa sur un plateau.
Vous avez aussi une boîte de production (CyrilProd). Est-ce que vous avez encore le temps de faire du développement de nouveaux jeux, de concepts ?
En fait les idées appellent les idées. Il y a des choses qui arrivent via ma société. On a produit par exemple un documentaire sur la folie des années 80 qui a été réalisé par Laurent Luyat, qu'on connaît beaucoup pour le sport mais qui est aussi un excellent connaisseur des variétés des années 60-70-80-90. Ce documentaire sera diffusé dans quelques semaines sur France 3 en prime. Et on travaille sur d'autres formats aussi bien de jeux, de divertissements, que de documentaires et de variétés.
Vous êtes aussi l'un des personnages réguliers de "Fort Boyard" depuis 2020. Est-ce que vous allez continuer de prêter vos traits à Cyril Gossbo ?
C'est beaucoup trop tôt pour le dire. La seule chose que je peux vous dire c'est que chaque année, c'est un casse-tête énorme de plannings parce que "Fort Boyard" et "La carte aux trésors" doivent se tourner en même temps. Pour des raisons d'autorisation de dépose des hélicoptères, il faut qu'on tourne une partie des épisodes de "La carte aux trésors" au mois de mai, et "Fort Boyard" se tourne historiquement toujours en mai. Chaque année, je tourne trois épisodes de "Fort Boyard", puis je saute dans un train pour aller dans "La carte aux trésors" pendant 2 semaines et directement je monte dans un autre train pour aller retourner "Fort Boyard". Chaque saison, on se dit qu'on n'y arrivera pas et on trouve toujours une solution. Ce qui arrange un peu les choses, c'est que c'est Adventure Line qui produit les deux émissions donc ça aide au niveau des plannings (rires).
Incarner Cyril Gossbo, qu'est-ce que ça vous procure ?
"Fort Boyard", c'est ma récré. Je ne suis pas animateur de l'émission, je suis un personnage donc vraiment, je n'ai aucune pression, ce n'est que de l'amusement. J'ai cinq ans dans ma tête quand je vais à "Fort Boyard". Et j'aime tellement ce personnage de Cyril Gossbo. Vous n'imaginez pas le nombre de dessins d'enfants, de petites cartes, de petits trucs que je reçois autour du personnage, c'est très émouvant. Et là quand on tourne "La carte aux trésors" et qu'il y a des enfants qui nous attendent sur les zones de déposes, qui arrivent et qui me font : "Et ça slaïme !" (sa fameuse réplique dans le jeu de France 2, ndlr), c'est trop rigolo et c'est hyper touchant. Quand on imagine que c'est l'émission qui m'a donné envie de faire de la télé, aujourd'hui, d'en être un personnage et de faire partie de cette famille de "Fort Boyard", la boucle est bouclée.
