Ce matin, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a mis en demeure la radio RMC pour les "propos injurieux, misogynes, attentatoires à la dignité de la personne et à connotation raciste" tenus à l'antenne sur Nafissatou Diallo, le 21 janvier lors de l'émission "Les Grandes Gueules". Ce jour-là, Sophie de Menthon, chroniqueuse de l'émission présentée par Alain Marschall et Olivier Truchot, avait clairement dérapé, se demandant notamment si l'affaire DSK n'était "pas ce qui lui est arrivé de mieux". Continuant à disserter sur l'aspect "conte de fées", Franck Tanguy, autre intervenant régulier de l'émission, avait déclaré : "elle ne sait pas lire, pas écrire, elle est moche comme un cul, et elle gagne 1,5 million, c'est quand même extraordinaire cette histoire". Suite à la décision du CSA, Olivier Truchot, co-présentateur de l'émission, réagit pour puremedias.com.
puremedias.com : Le CSA vient de mettre en demeure RMC. Comment réagissez vous ?
Olivier Truchot : Je trouve ça un peu injuste. Je ne cautionne absolument pas les propos qui ont été tenus à l'antenne ce jour-là. Et je l'ai signalé immédiatement, en direct, à nos deux chroniqueurs. D'ailleurs, si vous réécoutez la séquence en entier, vous entendrez bien que je condamne les propos que je qualifie "d'inacceptables". Il s'agissait d'un débat sur la résolution de l'affaire DSK, une actualité comme une autre. Evidemment, les avis étaient partagés et c'est ce que nous demandons à nos GG. Mais nous sommes nombreux à nous être offusqués de ce qui venait d'être dit. Nous avons pris un auditeur au téléphone qui a fait part, à l'antenne, de son émotion face à des propos qu'il trouvait "minables". En condamnant immédiatement les déclarations des chroniqueurs, j'estime qu'en tant qu'animateurs, nous avons tenu notre antenne
Votre chroniqueur s'est excusé. Vous estimez que cela est suffisant ?
Franck Tanguy s'est effectivement excusé quelques jours après les faits. Et c'est la moindre des choses. Et je trouve dommage que Sophie de Menthon ne présente pas également ses excuses. A l'AFP ce matin, elle dit "regretter" sa phrase mais ne reconnait pas son côté "insultant". En plus, elle se défausse sur nous en disant que c'est l'émission qui a été sanctionnée et pas elle. C'est une attitude qui pose problème. Elle prend là clairement ses distances avec "Les Grandes Gueules".
Des sanctions vont-elles être prises contre Sophie de Menthon ? Va-t-elle quitter "Les Grandes Gueules" ?
C'est à la direction de RMC de prendre des sanctions ou pas. En attendant, elle n'a pas été réinvitée dans l'émission depuis cet incident. Ce n'est pas la première fois que Sophie de Menthon, qui est une femme respectable, membre du Conseil économique et social, décorée de la Légion d'honneur, se fait remarquer pour des propos limites dans "Les Grandes Gueules". L'année dernière, des auditeurs s'étaient plaints de propos sur le travail des enfants en Afrique (pratique qu'elle avait justifié à l'antenne, ndlr). Jusqu'à présent, elle est passée entre les gouttes, si je puis m'exprimer ainsi. Là, Sophie de Menthon a largement franchi la ligne rouge.
Mais vous avez continué à l'inviter. Quelque part vous êtes responsable de sa présence dans votre studio ?
Je suis un fervent défenseur de la liberté d'expression et je lutte contre la pensée unique. Le but des "Grandes gueules" est de permettre à toutes les sensibilités de s'exprimer, y compris celles avec lesquelles vous êtes en désaccord. Mais celles-ci ne peuvent s'exprimer que dans le respect des gens. Ce qui s'est dit dans ce débat est en total opposition avec nos valeurs.
A force de convier des gens iconoclastes et les pousser à ne pas être politiquement correct, il fallait bien que ce genre de dérapages arrive, non ?
Non. Depuis neuf ans que "Les Grandes Gueules" existent, c'est la première fois que le CSA est saisi d'un problème. On connait notre job. Si on défend la liberté d'expression, nos intervenants en connaissent parfaitement les limites. Nous aussi. Je trouve que la décision du CSA ne tient pas compte de la façon dont, depuis neuf ans, nous organisons tous les jours des débats qui refusent la pensée unique mais sont toujours restés respectueux des gens.