"Il y a de sa part de l'irrespect, des colères froides, il dénigre le travail". Dans une enquête à paraître dans "Télérama" mercredi 3 juillet, plusieurs collaborateurs et ex-collaborateurs de Thomas Sotto à "Télématin" dénoncent le management et les méthodes de celui qui anime l'émission matinale de France 2 depuis 2021.
Si les audiences continuent de satisfaire France 2, malgré l'arrivée du concurrent "Bonjour !" sur TF1, l'ambiance serait moins rose en coulisses, d'après nos confrères. Pression constante, "organisation chaotique", de nombreux salariés et ex-salariés de l'émission évoquent des conditions de travail difficiles. En moins de trois ans, 8 journalistes se sont succédés à la programmation de l'émission, et l'une d'entre eux, pourtant expérimentée, est toujours en arrêt maladie pour "mal-être au travail", indique "Télérama". Un ancien programmateur témoigne de son expérience : "Je venais avec la boule au ventre. J'ai songé à changer de métier".
Le comportement de celui qui est à la tête du programme est également pointé du doigt directement. "On cale un invité, que le rédacteur en chef valide, mais derrière, on annule à la demande de Thomas Sotto. Il y a de sa part de l'irrespect, des colères froides, il dénigre le travail", selon un ancien salarié. "Thomas, c'est la parole divine. Ils sont té-ta-ni-sés devant lui", ajoute un membre de l'équipe actuelle, qui précise qu'aucune décision n'est prise par les rédacteurs en chef "sans son accord".
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"Je n'ai jamais vu un animateur dont tout le monde avait aussi peur", abonde une autre ex-collaboratrice qui ajoute : "J'ai passé des dimanches d'horreur où il annulait l'invité en disant 'je veux autre chose', sans préciser quoi. J'ai très peu pleuré dans mes boulots mais chez eux oui, plusieurs fois". Sur la pression mise à ses collaborateurs, notamment pour avoir des invités prestigieux, l'animateur se défend auprès de l'hebdomadaire : "Je veux qu'on joue le ballon. Et si on perd, ce n'est pas grave. Ce que je n'aime pas, c'est quand on n'a pas tenté. Est-ce que je mets de la pression sur les équipes ? Oui, sans doute, parce que cela fait partie de mon boulot". Thomas Sotto reconnaît cependant des "envies un peu trop sans limite, peut-être".
Ses "débriefs" d'après-émission, au cours duquel lui et la productrice de "Télématin" reviennent sur l'émission du jour, sont également mal vécus par les équipes. "Il n'est jamais satisfait. J'appelle ça le 'débrief déglingue'", confie un salarié. "On écoute l'empereur donner ses avis et tirer à boulets rouges, il humilie, c'est dégradant", ajoute une cadre du rendez-vous matinal de France 2. L'animateur répond : "Prenez de la distance avec la caricature !". Il évoque un "héritage Europe 1", "massivement importé" lorsqu'il est arrivé à la tête de "Télématin". "Je faisais des débriefs trop durs, je fais amende honorable, et j'ai corrigé le tir depuis deux ans", assure-t-il auprès de "Télérama".
Celui qui se dit "blessé" par les critiques rapportées le reconnaît, "Télématin", c'est "beaucoup de pression, de fatigue, et peut-être chez certains un sentiment d'injustice, car personne ne démérite". "Oui je peux être exigeant, de bonne ou de mauvaise humeur. Je suis très franc, je dis les choses les yeux dans les yeux", ajoute-t-il.
Mais l'animateur n'est pas seul contre tous. Marie Portolano, qui animait cette saison à ses côtés avant de partir en congé maternité, loue "un homme fou de boulot, ultra rigoureux", écrivent nos confrères. Sans lui, "l'émission n'est pas la même : quand il est là, il n'y a pas d'accroc", affirme l'ancienne animatrice du "Meilleur pâtissier" sur M6. Même son de cloche du côté de Victoire de Rincquesen, qui travaille avec Thomas Sotto depuis 15 ans, et est devenue son amie. "C'est un bonheur de travailler avec quelqu'un de droit et d'honnête comme lui". Christelle Ballestrero, chroniqueuse santé de l'émission depuis 1995 assure quant à elle : "C'est la première année où je m'éclate autant".