C'est un départ qui inquiète au plus haut point la rédaction de "Paris Match". Jeudi dernier dans un communiqué, Patrick Mahé et Caroline Mangez, respectivement directeur général et directrice de la rédaction de "Paris Match", ont annoncé la fin de leur collaboration avec Bruno Jeudy, rédacteur en chef politique et économie de l'hebdomadaire, présent dans les effectifs depuis 2014. Si le communiqué évoquait un départ "d'un commun accord", nos confrères du site "Les Jours" ont relevé que Bruno Jeudy partait sur fond de désaccord avec la direction, conséquence de la prise de contrôle du groupe Lagardère par Vivendi, ayant pour principal actionnaire Vincent Bolloré.
Il y a quelques heures, la société des journalistes (SDJ) de "Paris Match" a annoncé à l'Agence France-Presse avoir voté vendredi dernier une motion de défiance contre la direction du magazine. Une motion votée par 60 voix pour, deux contre et huit blancs, sur un total de 78 inscrits. Dans une lettre accompagnant cette motion destinée à faire réagir les responsables de "Match", les journalistes préviennent : "Nous considérons que l'avenir de 'Paris Match' est menacé et ce, dans le contexte de la prise de contrôle du groupe Lagardère, propriétaire de 'Paris Match', par le groupe Vivendi et son actionnaire de référence, le groupe Bolloré". Pour la rédaction, le départ de Bruno Jeudy "symbolise au plus haut point l'arbitraire et la brutalité des pratiques managériales".
Et d'ajouter que l'exemple de Bruno Jeudy est "un avertissement donné à ceux qui veulent exercer leur métier en toute indépendance, sans céder aux pressions éditoriales. N'importe qui contesterait les choix de la direction prendra désormais la porte". Les journalistes soulignent que le désormais ancien rédacteur en chef avait "critiqué" à plusieurs reprises "l'ingérence" de la direction concernant les choix éditoriaux. La Une consacrée le mois dernier au cardinal Sarah, conservateur catholique présenté comme "un homme d'influence et de paix" avait été contestée dans un communiqué par la rédaction de "Paris Match". "Dans ce contexte d'OPA de Vivendi sur Lagardère, nous espérons tous qu'elle ne signe pas un virage éditorial mettant en cause notre indépendance", s'était alors inquiétée la SDJ de "Paris Match".