La grogne monte chez "Paris Match". Le désaccord se porte cette fois sur la question des "Unes". Comme le rapporte le "Canard Enchaîné", la société des journalistes de l'hebdomadaire s'est émue d'une lente disparition des couvertures people. Or, le magazine qui avait pour devise pendant des années, "le poids des mots, le choc des photos", a fait de ses "Unes" sur les célébrités une marque de fabrique. Il vient d'ailleurs de sortir un numéro exposant Marion Cotillard.
Pourtant, la rédaction dénonce un changement qui semble s'opérer depuis que le titre est entré dans le giron du milliardaire Vincent Bolloré. En octobre 2021, il a pris la main sur le groupe Lagardère dont fait partie "Paris Match". Un dossier toujours entre les mains de Bruxelles.
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En première page, à la place de Brigitte Bardot ou Gérard Depardieu, on retrouve désormais "des sujets plus politiques, voire plus partisans". La rédaction a déjà traversé une crise à cause de l'une d'elles. Le 7 juillet, la couverture du magazine a été consacrée au cardinal Robert Sarah. Un choix décidé unilatéralement par la direction, malgré une opposition ferme des salariés. La société des journalistes avait, à l'époque, dénoncé un "choix périlleux", pouvant de "nuire à l'image" de la publication.
Bruno Jeudy, à l'époque rédacteur en chef politique et économique, avait relayé ce message. Quelques semaines plus tard, il a été débarqué, comme l'a révélé "Les Jours". Finalement, il a été remplacé par Laurence Ferrari, qui entretient des liens solides avec Europe 1 et CNews, deux médias plus proches des idées du chef de Vivendi.
Toujours selon le volatile, ce changement dans la ligne éditoriale pousse au moins une journaliste à essayer de faire valoir sa clause de conscience. Elle permet à un journaliste de quitter son emploi si la ligne éditoriale de son média est modifiée, et de conserver ses avantages : des indemnités de licenciement et les allocations de pôle emploi.
Sa direction, elle, nie tout changement. "Le people est toujours bien présent dans le magazine (...) la Russie a envahi l'Ukraine (...). Ce conflit a généré de nombreuses couvertures, prioritairement à celles qui auraient pu être dévolues aux célébrités", explique-t-elle dans un courrier interne.
Dans le même temps, les équipes de "Paris Match" scrutent de près la fusion entre Vivendi et Lagardère. Pour que les deux acteurs puissent se rapprocher, il faudra tailler dans la branche édition, mais aussi du côté magazine people. Comme l'a révélé "Marianne", pour plaire à l'antitrust européen, Vincent Bolloré doit vendre "Gala" et "Voici", tout juste achetés à Bertelsmann, ou renoncer à "Paris Match". La première option semble privilégiée.