On ne les compte plus. Depuis la parution de l'article du "New York Times" sur le comportement inacceptable de Harvey Weinstein depuis de longues années, les témoignages d'actrices se multiplient. Le producteur américain est accusé de harcèlement sexuel et même de viol par une longue liste de comédiennes. Trois ont témoigné pour l'article du "Times", et huit figuraient dans un autre article du "New Yorker", dont Emma de Caunes.
Mais chaque jour apporte son lot de nouveaux témoignages. Gwyneth Paltrow et Angelina Jolie ont ainsi fait part de leur expérience ces derniers jours, tandis que Léa Seydoux leur emboîte le pas ce matin, dans une tribune publiée dans le quotidien britannique "The Guardian". "Je rencontre des hommes comme Harvey Weinstein tout le temps. Le cinéma est ma vie : j'ai joué dans de nombreux films au cours des 10 dernières années. Je connais donc toutes les façons par lesquelles l'industrie du film traite les femmes avec mépris", commence l'actrice.
Elle raconte ensuite une soirée où le producteur lui a proposé un rendez-vous. "Nous nous sommes rencontrés dans le hall de son hôtel. Son assistante, une jeune femme, était là. Tout au long de la soirée, il a flirté et m'a regardé comme si j'étais un morceau de viande. Il a agi comme s'il me considérait pour un rôle. Mais je savais que c'étaient des foutaises. Je le savais, parce que je pouvais le voir dans ses yeux. Il avait un air lubrique. Il utilisait son pouvoir à des fins personnelles, il pensait pouvoir coucher avec moi", assure-t-elle.
"Il m'a invitée à venir boire un verre dans sa chambre d'hôtel. C'est difficile de lui dire non, toutes les filles ont peur de lui. Nous sommes montés ensemble. Bientôt, son assistante est partie et c'était juste nous deux. C'est le moment où il a commencé à perdre tout contrôle. Nous parlions sur le canapé quand il a soudainement sauté sur moi et a essayé de m'embrasser. J'ai dû me défendre. Il est grand, et gros, alors j'ai dû résister vigoureusement. Je suis partie, complètement dégoûtée, mais je n'ai cependant jamais eu peur de lui car je savais dès le début à qui j'avais affaire", affirme-t-elle.
Léa Seydoux explique avoir revu à plusieurs reprises le producteur, et avoir été témoin de ses agissements. "Une nuit, je l'ai vu à Londres pour les BAFTA, où il a passé la soirée à draguer ouvertement une jeune femme. Une autre fois, au bal Met Life, je l'ai vu essayer de convaincre une jeune femme de coucher avec lui. Tout le monde pouvait voir ce qu'il faisait. C'est la chose la plus dégoûtante dans cette histoire : tout le monde savait ce que Harvey faisait et personne n'a rien fait", regrette-t-elle, avant d'expliquer avoir eu le même type d'interactions avec d'autres hommes de pouvoir dans le cinéma.
"Ce métier est basé sur l'apparence. Vous devez être désirable pour être aimée. Mais tous les désirs ne peuvent pas être assouvis, même si les hommes dans le milieu du cinéma croient le contraire. Je pense – et j'espère – que nous allons enfin voir du changement. Seule la vérité et la justice peuvent nous faire avancer", conclut-elle.