Pan sur le bec. Comme l'a révélé "Le Monde" vendredi soir, "Le Canard enchaîné" se retrouve pointé du doigt dans une affaire interne sensible. Cela fait suite au dépôt d'une plainte contre X le 10 mai dernier par le journaliste de l'hebdomadaire Christophe Nobili pour abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux. Il aurait découvert l'année dernière des éléments lui laissant penser que la compagne d'un des dessinateurs historiques du journal centenaire aurait bénéficié d'un emploi fictif pendant près de 20 ans, jusqu'en 2020. Selon "France Inter", Christophe Nobili a constaté qu'une femme qu'il ne connaissait pas bénéficiait d'une carte de presse domiciliée au 173, rue Saint-Honoré à Paris, où se situe le siège du journal satirique.
Après le dépôt de la plainte, le Parquet de Paris a décidé de l'ouverture d'une enquête préliminaire. Selon Me Pierre-Olivier Lambert, l'avocat du journaliste syndiqué et qui bénéficie du statut de lanceur d'alerte, le préjudice s'élèverait à environ 3 millions d'euros. Le conseil rapporte au "Monde" que Christophe Nobili a tenté au cours de l'hiver dernier d'obtenir des explications de la part de Nicolas Brimo, directeur général délégué et directeur de la publication du "Canard enchaîné". En vain. Le responsable du titre précise à nos confrères n'avoir été "ni convoqué ni entendu au sujet d'une plainte dont je ne connais ni la date ni l'objet". Et ajoute : "Une enquête préliminaire peut se terminer du jour au lendemain".
La femme qui aurait été rémunérée pendant des années par l'hebdomadaire est la compagne du dessinateur André Escaro, âgé de 94 ans, membre du conseil d'administration, qui a été opportunément remplacé lors d'une assemblée générale le 22 juin dernier, soit un mois après que Christophe Nobili a déposé plainte.
Si les faits sont avérés, l'image du "Canard enchaîné", réputé pour dénoncer les scandales de la République, pourrait être durablement entachée. Et ce d'autant plus que le journaliste qui a découvert cette nouvelle affaire, Christophe Nobili, n'est autre que celui qui a révélé en 2017, aux côtés d'Isabelle Barré et Hervé Liffran, les emplois fictifs dont aurait bénéficié Pénélope Fillon par le passé en tant qu'assistante parlementaire. Ce dossier avait bouleversé la campagne présidentielle de François Fillon. Des faits contestés par le couple, condamné en appel au printemps dernier et qui s'est pourvu en cassation.