Le quotidien visé par une affaire de harcèlement. Selon l'AFP, "Libération" et "20 Minutes", huit femmes, principalement des attachées de presse, ont déposé plainte mercredi contre un journaliste du "Monde " pour "harcèlement sexuel" et "violences psychologiques". Entre 2016 et 2017, le salarié du journal leur aurait envoyé par internet un album de photos de lui, nu.
Dans un communiqué hier soir, la direction du "Monde" a annoncé que le journaliste, dont le nom n'a pas été révélé, a été mis à pied à titre conservatoire et qu'une enquête interne a été diligentée. "La direction du 'Monde' a pris immédiatement contact avec l'auteure de l'appel à témoignages et a identifié le salarié mis en cause", ont déclaré Louis Dreyfus, président du directoire, et Jérôme Fenoglio, directeur du journal. Ils ont expliqué : "Après un premier examen des circonstances, la direction a décidé de lancer une enquête interne et a convoqué ce salarié pour un entretien formel."
"Dans l'intervalle, et pour la durée de l'enquête, ce salarié a été mis à pied conservatoire. La direction du 'Monde' entend poursuivre cette enquête dans les délais courts et, le cas échéant prononcera les sanctions nécessaires", ont ajouté les dirigeants dans le communiqué. Et de noter : "Le salarié étant hospitalisé depuis plusieurs semaines, il n'a pas encore pu être entendu pour répondre à ces allégations de faits graves et répétés". Selon l'entourage du journaliste, contacté par "Libération" et "20 Minutes", le salarié du "Monde" est atteint d'une maladie neurodégénérative et est sous traitement depuis maintenant plusieurs années.
Cette affaire sort la veille de la parution de l'enquête menée en ligne sur les "violences sexistes et sexuelles" auprès de plus de 1.800 journalistes et étudiants en journalisme par les collectifs NousToutes, Prenons la Une et Paye Ton Journal. L'étude lancée dans la foulée de la "Ligue du Lol" recense des cas dans plus de 200 rédactions. Sur l'ensemble des réponses, 1.500 personnes déclarent avoir été victimes ou témoins d'au moins un agissement sexiste dans le cadre de leur travail. Parmi elles, 199 personnes victimes d'agression sexuelle ont témoigné et deux viols ayant eu lieu dans le cadre du travail ont été rapportés.
Cette étude fait écho à l'affaire de "harcèlement moral et sexuel" qui touche la station Europe 1. Plusieurs femmes ont déposé plainte contre un salarié de la radio pour des faits qui se seraient déroulés entre 2013 et 2018. Malgré la volonté de la direction de le licencier, son statut de délégué syndical lui a permis d'avoir le soutien de l'Inspection du travail qui a refusé son licenciement. Par ailleurs, "Streetpress" révélait également hier les comportements déplacés et misogynes d'un cadre de RMC qui a été poussé vers la sortie par la direction après les témoignages de journalistes de la station.