La chaîne sanctionnée. Dans un communiqué publié ce jeudi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a infligé une amende d'un montant de 200.000 euros à l'encontre de la chaîne d'information CNews. Cette décision a été prise après les propos polémiques tenus par Eric Zemmour le 29 septembre 2020 dans l'émission "Face à l'info", présenté par Christine Kelly.
A l'antenne de CNews, le polémiste avait estimé que les mineurs isolés en France étaient tous des "voleurs", des "assassins" et des "violeurs". Une analyse à l'emporte-pièce qui lui a valu une condamnation du monde politique et l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste". Deux jours plus tard, Eric Zemmour avait fait une mise au point sur la chaîne info : "Je n'ai jamais prétendu incarner autre chose que mon point de vue, s'est exprimé à son tour Eric Zemmour. Mes propos n'engagent que moi. C'est moi qui suis honni, c'est moi qui suis critiqué, c'est moi qui suis attaqué en justice, ce n'est ni la rédaction de CNews, ni d'autres personnes. Je sais ce que c'est que la responsabilité".
Malgré la mise au point de l'éditorialiste d'extrême-droite, tenant à protéger la chaîne, le CSA a estimé que CNews avait manqué à ses obligations. "Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime sur la politique d'accueil des mineurs étrangers isolés en France et sur la politique d'immigration, ils ont été de nature à inciter la haine envers les mineurs étrangers isolés et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard, de nature à encourager des comportements discriminatoires", a déclaré le gendarme de l'audiovisuel.
Mise à jour à 15h45 le jeudi 18 mars 2021 : Au sujet de Christine Kelly, la présentatrice de l'émission et ancienne membre du CSA, le Conseil a considéré que "la maîtrise de l'antenne n'avait pas été assurée", "d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification", "ainsi que l'a souligné le comité d'éthique du groupe Canal+ dans son avis rendu le 22 octobre 2020". Le conseil présidé par Roch-Olivier Maistre a conclu : "Conformément à ses missions, le Conseil ne manquera pas d'intervenir chaque fois que ces limites seront franchies".
Dans un communiqué publié cet après-midi, le groupe Canal+, propriétaire de CNews, "déplore la décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel" et estime qu'elle "contrevient au principe de liberté d'expression". Il fait savoir qu'il "compte mettre en oeuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais". Parmi elles, un recours devant le Conseil d'Etat.