Le film n'est pas encore sorti mais fait déjà polémique. Il y a trois jours, Cyril Hanouna, co-producteur du long-métrage, a dévoilé sur Twitter la première bande-annonce du film "Les Segpa", prévu en salles le 20 avril prochain. Il s'agit d'une adaptation sur grand écran de la web-série du même nom, lancée en 2017 sur Youtube. A travers une série de sketchs, elle raconte le quotidien farfelu d'une classe de Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté) au collège. La chaîne dédiée avoisine les 2 millions d'abonnés.
Après la gronde sur les réseaux sociaux d'associations de parents d'élèves contre les premières images du film, c'est Bruno Studer, député et président de la commission des Affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale, qui s'insurge, à travers un communiqué, contre la première bande-annonce des "Segpa". "Le titre en soi, alors qu'il ne s'agit pas d'un documentaire, est problématique", commence-t-il, s'estimant "consterné" et rappelant qu'il s'agit de "moyens importants consentis par l'Etat dans l'objectif d'individualiser le parcours des élèves les plus en difficulté dès la 6e en adaptant et en aménageant les programmes de section général au collège".
"Les premières images de ce film (...) font état d'une stigmatisation crasse et affligeante de ces enfants en grande difficulté que la société tout au contraire, a le devoir de tirer vers le haut", poursuit-il, avant de viser le présentateur de "Touche pas à mon poste" : "Le producteur du film, Cyril Hanouna, dont le père était médecin et qui lui-même a fait des études supérieures, ne peut rien arguer 'd'autodérision' dans un film où, par ailleurs, les acteurs qui semblent sur-jouer des enfants bêtement idiots âgés normalement de 10 à 16 ans, ont tous l'air bien majeurs".
Bruno Studer considère que ce film "pose une virulente question éthique de l'image publique renvoyée à ces enfants par les adultes" : "Et ce, d'autant que le producteur jouit d'une audience considérable auprès des jeunes". "Il ne s'agit que de la bande-annonce du film. (Je) souhaite vivement que le scénario du film soit plus consistant. Qu'il reconnaisse a minima, l'engagement et la vocation sans faille des professeurs de ces filières, et d'autre part, la grande vulnérabilité de ces enfants dont il faut protéger les parcours scolaires et l'estime de soi", demande le député LREM du Bas-Rhin.
Enfin, le parlementaire estime que "s'il ne consiste qu'à réciter un point de vue stigmatisant", "voire un point de vue socialement raciste", "l'humour n'est que vulgarité". "Il n'y a aucune subjectivité au mauvais goût. Ce sont des choses qui s'analysent", conclut-il dans son communiqué.