Hier, Bruno Ledoux, le président du conseil de surveillance de "Libération", a vivement critiqué les journalistes de son quotidien lors d'une conférence devant des étudiants et a annoncé une restructuration "très conséquente" du journal. Des déclarations qui ont consterné ses salariés. Ce matin, dans leur rubrique "Nous sommes un journal", les journalistes ont répondu à leur patron. D'abord, ils ont ironisé sur sa méconnaissance de l'histoire du journal puisque Bruno Ledoux a affirmé que "Libé" avait été créé pendant la deuxième guerre mondiale alors qu'il ne l'a été qu'en 1973. Ensuite, ils ont dénoncé le "délit d'entrave" alors que la loi prévoit que tout plan social soit d'abord présenté aux élus du personnel.
François Moulias, qui remplace Nicolas Demorand à la direction du journal, a tenté, lui, de rassurer les élus du personnel. Hier après midi, il a promis qu'il n'y avait pas "à ce jour" de projet de plan social, même s'il a indiqué que "cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas en temps utile". Par ailleurs, le nouveau dirigeant de "Libé" a estimé qu'il y avait deux scénarios possibles d'ici la fin de ce crucial mois de mars. Soit le journal trouve 10 millions d'euros minimum et peut pérenniser sa situation. Soit le journal dépose le bilan "avec un plan de continuation". Les actionnaires actuels auraient alors six mois pour boucler un nouveau tour de table.
Hier, "Libération" a indiqué à l'OJD, l'organisme qui mesure la diffusion de la presse, avoir été diffusé en janvier à seulement 90.300 exemplaires. Une chute des ventes de 14,6% en un an, qui fait de "Libé" un journal moins diffusé que "La Croix" (97.700 exemplaires).