La crise s'enlise à "Libération". Bruno Ledoux, le président du conseil de surveillance du journal, a critiqué une nouvelle fois ses salariés lors d'une conférence organisée aujourd'hui par l'Institut Européen de Journalisme de Paris. Il a annoncé une restructuration "très conséquente".
"Il y a des journalistes qui produisent un papier par mois", a notamment expliqué Bruno Ledoux aux étudiants en journalisme, reprenant à son compte des critiques déjà formulées par Nicolas Demorand lors de son départ. L'un des deux actionnaires principal du quotidien a également dénoncé la frilosité de principe de ses salariés face à la nouveauté. "Tout ce qui est nouveau fait un peu peur mais, très vite, les journalistes ont commencé à y réfléchir", a-t-il déclaré en annonçant un "repositionnement éditorial" du journal.
Celui qui possède 26% du capital de "Libération" estime que son journal "devrait être le quotidien des jeunes" et a pointé du doigt l'âge de ses troupes : "L'un des problèmes sans l'être est que la moyenne d'âge de la rédaction n'est pas jeune", a lancé Bruno Ledoux. Il a donc annoncé "une restructuration inévitable". "Il y aura moins de journalistes qu'aujourd'hui", a-t-il prévenu après avoir indiqué qu'il bouclerait "en mars" un tour de table d'environ 12 millions d'euros, avec "trois ou quatre entrepreneurs français".
"Les actionnaires ont perdu 37,5 millions d'euros l'année dernière. Les actionnaires ne sont pas là pour éponger les dettes des dix prochaines années. Le journal n'appartient pas aux journalistes", a ajouté M. Ledoux qui a cependant répété son attachement au papier ("Si vous supprimez le papier, vous tuez votre légitimité"). Il a annoncé son souhait d'ouvrir un "restaurant Libé", "un lieu de rencontres et d'échanges".
Les déclarations de Bruno Ledoux ont été particulièrement suivies et critiquées sur Twitter par les équipes du journal. Notamment ses attaques frontales envers ses salariés. Mais une petite phrase a été particulièrement moquée. En effet, le propriétaire du journal a affirmé durant sa masterclass que "Libération" avait été créé "pendant la guerre". "C'était un journal de résistance", a-t-il insisté, ignorant visiblement que son journal est né en 1973...
A noter que ce matin, Sylvain Bourmeau, le directeur adjoint de la rédaction du quotidien, a annoncé sur son compte Twitter avoir quitté le journal, moins d'un mois après celui de Nicolas Demorand dont il était l'un des plus proches collaborateurs.
Ce furent 3 années intenses et passionnées aux côtés de Nicolas Demorand. Bon vent à Libération. Et à vite avec de La Suite dans les Idées.
- Sylvain Bourmeau (@bourmeau) March 6, 2014