Les relations tumultueuses entre Nicolas Demorand et le journal "Libération" se terminent. Dans une interview au journal Le Monde, que vient de publier le quotidien du soir sur son site internet, le président du conseil de surveillance du quotidien annonce qu'il "a décidé de démissionner de (sa) fonction de directeur et de quitter Libération".
Depuis quelques jours, le quotidien est en crise ouverte avec une grève votée la semaine dernière pour exiger une nouvelle fois son départ. "Ma décision est d'abord dictée par la situation de ces derniers jours. Libération vit désormais une crise ouverte, je cristallise une partie des débats et j'estime qu'il est de ma responsabilité de patron de redonner des marges de manoeuvre et de négociation aux différentes parties. J'espère que mon départ permettra aux uns et aux autres de retrouver la voie du dialogue", estime ce matin l'ancien présentateur de la matinale de France Inter.
Les tensions entre la direction et les salariés se cristallisent autour de l'avenir éditorial du journal. Chroniquement déficitaire, Libé a perdu entre 1 à 1,5 million en 2013 alors que ses ventes ont baissé de 15% l'année dernière. Plombé par une dette de 6 millions d'euros, le journal cherche de nouveaux investisseurs. La rédaction s'est vivement opposée ce week-end à un projet de la direction de transformer le journal en "réseau social". "Nous sommes un journal", ont ré-affirmé les journalistes à la Une de l'édition de ce week-end.
Nicolas Demorand confie ne pas avoir remis les pieds dans les locaux de son journal depuis vendredi. Il indique avoir passé le plus clair de son temps à chercher des capitaux pour une "PME fragile, dans un secteur en crise". "J'ai découvert en arrivant que mon boulot serait de chercher de l'argent tous les jours. Donc ça a été l'essentiel de mon activité et c'est très chronophage", explique-t-il avant de tacler sa rédaction.
"Libération est encore une entreprise dominée par le papier, print-first. Depuis trois ans, mon projet a été de faire prendre à l'entreprise le virage numérique et de transformer en profondeur notre manière de travailler. (...) Les actionnaires ont validé cette stratégie. (...) Depuis, on est dans une situation de blocage. (...) Sur Internet, la rédaction papier ne produit en moyenne que 0,1 article par semaine et par journaliste pour le site".