La colère de la Société des journalistes. Ce matin, "Les Echos" a annoncé l'éviction de Guillaume Dubois du poste de directeur général de "L'Express". Nommé fin 2016 et proche d'Alain Weill, le journaliste qui a longtemps collaboré avec BFMTV payerait l'échec de sa stratégie de relance du titre axée principalement sur le numérique. Celui qui a remplacé Christophe Barbier ne conservera pas de fonctions au sein du groupe.
"Monsieur Drahi, que voulez-vous faire de 'L'Express' ?", interroge d'entrée la SDJ du journal dans un communiqué publié dans l'après-midi. Elle dénonce "un débarquement décidé dans la précipitation et l'impréparation puisque l'actionnaire Patrick Drahi n'a pas encore choisi de successeur". "Moins de six mois après le lancement de 'L'Express demain', une formule innovante qui devait relancer le titre, le directeur de la rédaction est remercié. Alors même qu'en juillet 2017, il affirmait aux équipes disposer de trois ans pour réussir la transformation du journal", poursuit la Société des journalistes, pointant du doigt "les changements de têtes et d'organisation incessants" depuis le rachat du groupe L'Express en 2015, qui donnent "le sentiment de n'avoir ni projet, ni capitaines crédibles".
"Consternée", la SDJ dénonce alors "les errements stratégiques" du groupe Altice, qui a imposé un plan de départ d'une centaine de personnes, deux PDG (Marc Laufer et Guillaume Dubois), deux nouvelles formules du journal, "une présence en kiosques amoindrie" et une fusion des rédactions papier et web. Par ailleurs, elle se désole du manque d'ambition du groupe, qui annonçait "faire de 'L'Express' le numéro 1 de son marché". "Dans les faits, la rédaction doit produire plus avec moins : poursuite de la réduction des sources photos, non remplacement de journalistes ayant quitté la rédaction, précarisation des statuts, outils techniques dépassés", listent les journalistes du magazine.
Enfin, la Société des journalistes se plaint d'un management "sans vision", "ni visibilité" depuis le rachat du titre par Altice. "Depuis des mois, la SDJ appelle à la discussion entre la direction et la rédaction pour faire de 'L'Express demain', projet auquel nous avons collectivement adhéré, une réussite. En vain", s'attriste-t-elle, avant de conclure : "Il y a aujourd'hui une urgence à penser tous ensemble comment 'L'Express' entend faire la différence sur le marché de l'information. La rédaction n'acceptera pas d'être écartée de ce débat."