Gaspard Proust se censure-t-il ? Léa Salamé a reçu, ce jeudi matin sur France Inter, le célèbre humoriste d'Europe 1, qui publie "Mea Culpa - Je suis un cartésien désabusé... Je pense donc je suis mais je m'en fous". Dans une période où la satire a bien du mal à s'imposer dans les médias - Pierre-Emmanuel Barré en aurait fait les frais dans "C l'hebdo" sur France 5 - la journaliste l'a interrogé : "Pourriez-vous écrire une chronique sur Vincent Bolloré ?". Pour rappel, Vincent Bolloré est l'actionnaire de Vivendi, qui a récemment pris le contrôle de Lagardère, lui-même détenteur d'Europe 1.
Agacé, Gaspard Proust a fini par répondre : "Peut-être que vous avez une tradition ici (à France Inter, ndlr) de cracher sur les mecs à qui vous envoyez une facture à la fin du mois...", a-t-il lancé sans terminer sa phrase. "Moi, en fait, je travaille d'abord avec le privé parce que je suis mal à l'aise (avec l'idée d'être) financé par une partie de gens qui potentiellement ne m'aiment pas. Je travaille avec des (radios) privées et peu importe ce qu'ils font. Pour moi ce qui compte, c'est qu'ils me laissent la liberté et qu'ils me payent bien. C'est à peu près tout", a-t-il cru clore la discussion.
"Vous n'écrirez donc pas une chronique contre Vincent Bolloré ?", l'a relancé Léa Salamé. "Pourquoi pas, si j'ai envie de le dire", a-t-il rétorqué. "Mais en fait, ce n'est pas le sujet. Vous voyez, pour vous, c'est cela la liberté d'expression. Est-ce que vous pensez que c'est lui (Vincent Bolloré, ndlr) qui tient mon stylo ?", a-t-il demandé à son intervieweuse. "Bien sûr que non", en a convenu Léa Salamé. puremedias.com vous propose d'écouter la séquence.
Un peu plus tôt, Léa Salamé a bien essayé de cerner politiquement celui qui refuse d'être catalogué dans une idéologie plutôt qu'une autre. "Est-ce que vous n'êtes pas sorti de l'ambiguïté en vous rendant à la soirée de 'Valeurs actuelles' où intervenait Éric Zemmour, Valérie Pécresse et Marion Maréchal pendant la présidentielle ?".
Gaspard Proust de s'en défendre : "Je serai sorti de l'ambiguïté si j'avais été à la tribune en disant 'Il faut voter pour un tel ou pour un autre'. Pendant vingt minutes, je me moque des gens qui sont dans la salle et je prends le risque de me mettre à dos tous les autres. C'est un acte, pour moi, de liberté. Je me suis demandé si je devais y aller. Je connaissais très bien les conséquences. Mais à un moment, je ne vis pas pour avoir un bon article dans 'Télérama'. La vie c'est autre chose, c'est plus grand, vous êtes d'accord ?", a-t-il conclu.