La lune de miel entre Canal+ et beIN va-t-elle brutalement s'interrompre ? L'Autorité de la concurrence devrait imposer "des conditions difficiles à accepter pour la filiale de Vivendi", dans le projet de distribution exclusive de beIN Sport, révèle ce matin Les Echos. Un coup dur pour le groupe dirigé par Vincent Bolloré qui, depuis plusieurs semaines, ne jure que par cet accord pour sauver Canal+ France.
Ce deal poserait en effet "un véritable risque pour les consommateurs, ses concurrents et les vendeurs de droits comme les ligues de football et rugby", explique notre confrère. Canal+ a pourtant déjà fait des concessions, en acceptant par exemple que l'abonnement à beIN, dans le cadre d'un rapprochement, ne soit pas lié obligatoirement à un abonnement Canal/CanalSat. Mais c'était sans compter sur les opérateurs télécoms, très hostiles à cet accord qui les priverait d'une partie de la marge sur la distribution.
"Si on n'a pas l'autorisation de distribuer beIN, on sera obligé d'arrêter le robinet", avait menacé Vincent Bolloré en avril dernier. Le patron de Vivendi va-t-il mettre sa menace à exécution et fermer Canal+ ? Bruno Lasserre, président de l'Autorité, n'est pas du genre à se laisser impressionner. Selon Les Echos, il ne croit pas à la situation critique de Canal+ telle qu'elle est décrite par ses dirigeants depuis plusieurs semaines.
La chaîne payante était prête à payer plus de 300 millions d'euros par an pendant cinq ans, soit au total plus de 1,5 milliard d'euros, pour distribuer beIN Sport en exclusivité. Si les conditions sont trop contraignantes, ce montant pourrait être revu à la baisse. Canal+ pourrait aussi renoncer et devrait alors repenser entièrement sa stratégie commerciale pour reconquérir les abonnés.