Marc Ferracci dépose plainte pour diffamation contre "Blast". Le vice-président de Renaissance et député de la sixième circonscription des Français de l'étranger réplique de la sorte à l'enquête du média d'investigation, intitulée "France Travail, Ferracci au nom du père, du fils et du business", publiée le 11 juillet 2023. "Les accusations contenues dans cet article ont causé un tort considérable à Marc Ferracci, en portant atteinte à son honneur, à sa probité et à son honneur", écrivait, ce lundi 17 juillet 2023, son avocat maître Olivier Baratelli. Le média fondé par Denis Robert, de son côté, maintient ses informations.
De quelles informations parle-t-on ? Dans cette longue enquête, le média d'investigation affirme que ce proche d'Emmanuel Macron – ils ont été le témoin de leur mariage respectif – aurait "piloté" la transformation à venir de Pôle Emploi en France Travail, l'une des dispositions du projet de loi "Plein emploi" – actuellement en discussions au Parlement – en ayant en tête la préservation des intérêts économiques de son père, Pierre Ferracci.
Celui-ci, précise "Blast", est "à la tête d'un des plus gros groupes français d'audit et de conseil auprès des comités d'entreprise : Alpha, dont la principale filiale est le cabinet d'expertise-comptable Secafi". "Alpha est depuis toujours présent également sur un autre secteur : la reconversion industrielle et le reclassement des salariés licenciés" et l'une de ses filiales, Sémaphores est parvenu – via une alliance avec Askis, un concurrent émergent – à rester un interlocuteur privilégié de Pôle Emploi, ajoute le média d'investigation.
Toujours est-il qu'en 2022, de nouvelles perspectives se seraient ouvertes pour la société Alliance compétences, c'est son nom, avec "la mise sur orbite du projet France Travail sous l'oeil vigilant du tout nouveau député Marc Ferracci", remarque "Blast", qui l'assure : "Sa création (...) entraînera une explosion du nombre d'inscrits à Pôle Emploi, et mécaniquement celle de l'activité des prestataires privés".
"Le principal changement provoqué par cette réforme réside dans le fait que toutes les personnes sans emploi devront s'inscrire à France Travail, à savoir les chômeurs, les jeunes, les personnes en situation de handicap ainsi que les bénéficiaires du RSA. Aujourd'hui, seuls 40% des allocataires du RSA sont inscrits à Pôle Emploi", confirme un article de "La Tribune" daté du 7 juin 2023.
"Une excellente nouvelle pour le groupe Alpha et son patron (Pierre Ferracci), grâce à sa coentreprise avec Aksis", résume "Blast", qui conclut son enquête avec un "fait aggravant dans ce circuit pleinement entre-soi et en famille".
"Le député Renaissance va lui aussi profiter de l'embellie du paternel. Et des effets des réformes de la politique de l'emploi qu'il impulse depuis 2017... Car Marc Ferracci (...) est aussi actionnaire d'une société. Il possède 35% d'Icare Finance, la holding familiale qui porte la participation de Pierre Ferracci dans le groupe Secafi Alpha".
Face à ces accusations, la réaction du corapporteur du projet de loi "Plein emploi" ne s'est pas fait attendre. "Une récente publication du média 'Blast' a gravement mis en cause le député Marc Ferracci en affirmant que celui-ci bénéficierait de la réforme de France Travail en tant qu'actionnaire du groupe Alpha, dont la filiale Sémaphores, serait 'le principal sous-traitant de Pôle Emploi' et que, en tant que 'pilote' de cette réforme, Marc Ferracci se trouverait en position de conflit d'intérêts", résume son avocat.
Avant de contester cette interprétation des faits. "Le groupe Alpha a cessé toute prestation de reclassement des demandeurs d'emploi pour le compte de Pôle Emploi depuis 2016. Et contrairement à ce qu'affirme 'Blast', il n'en réalise pas non plus par le biais de l'alliance conclue en 2021 entre sa filiale Sémaphores et l'entreprise Aksis". Il note, par ailleurs, que "le problème est que ledit groupe ne reclasse pas de chômeurs ni par lui-même, ni par le biais de la structure de partenariat que 'Blast' se prévaut d'avoir découverte".
Deux jours après la publication de l'enquête, le jeudi 13 juillet 2023, "Blast" a publié un nouvel article dans lequel le média "maintient l'ensemble de ses informations et révélations, qui dessinent un conflit d'intérêts majeur". Deux députés socialistes, Boris Vallaud et Arthur Delaporte, ont annoncé avoir saisi le déontologue de l'Assemblée nationale.