La décision de la Cour d'appel de Versailles est loin d'avoir fait l'unanimité. Le 4 juillet dernier, elle a condamné le site d'information "Médiapart" ainsi que "Le Point" à supprimer sous une semaine de leur site internet respectif, l'ensemble des enregistrements clandestins liés à l'affaire Bettencourt. En cas de retard, les deux titres de presse s'exposaient à une astreinte de 10.000 euros par jour. Le tribunal a ainsi estimé que "l'information du public (...) ne peut légitimer la diffusion, même par extraits, d'enregistrements obtenus en violation du droit au respect de la vie privée d'autrui". Dans cette affaire, le site d'information d'Edwy Plenel et "Le Point" ont par ailleurs été condamnés à verser chacun 20.000 euros de dommages et intérêts à la Liliane Bettencourt.
Cette décision a indigné plusieurs journaux et associations de défense de la liberté de la presse qui ont dénoncé une sanction disproportionnée ainsi qu'une mise à mal, par la justice, du droit du public à l'information. Près de quarante d'entre-eux ont ainsi signé un appel intitulé "Nous avons le droit de savoir", lancé par "Mediapart". Un appel qui a également été soutenu par près de 48.000 particuliers, parmi lesquels des parlementaires et des responsables politiques.
En geste de solidarité, certains ont également décidé d'aller plus loin en accueillant à partir d'aujourd'hui sur leur propre site internet les enregistrements litigieux de l'affaire Bettencourt. Parmi eux, plusieurs sites d'information tels "Arrêt sur Images" ou "Rue 89" mais aussi des associations comme Reporters sans frontières (RSF). L'association de défense de la liberté de la presse a ainsi rappellé dans un communiqué que "l'affaire Bettencourt a entraîné plus d'une dizaine de mises en examen, principalement pour trafic d'influence, abus de faiblesse, escroquerie et abus de biens sociaux", dont celle de l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. Des "conséquences judiciaires et administratives" qui montrent selon Reporters sans frontières que "les révélations de 'Mediapart' et du 'Point' relèvent bien de l'intérêt général".