"Le Nouvel Observateur" payera. Selon Le Monde, l'hebdomadaire ne fera pas appel de sa condamnation à payer 25.000 euros de dommages et intérêts à DSK pour "violation de l'intimité de la vie privée" suite à sa Une sur le livre de Marcela Iacub, "Belle et bête". Dans le numéro à paraître jeudi, la condamnation judiciaire barre la Une. Un cas rare mais pas inédit pour l'hebdomadaire qui ne devrait pas amuser beaucoup de ses lecteurs, nombreux à avoir manifesté leur hostilité à ce choix éditorial. Laurent Joffrin, le directeur de la publication et Jean Daniel, fondateur du titre, y reviennent longuement cette semaine et reconnaissent avoir commis "une erreur."
Déjà la semaine dernière, Jean Daniel avait désavoué le directeur de son journal dans un court billet : "Quand j'ai découvert la couverture de notre journal, la semaine dernière, j'ai eu un choc. Quoi ! DSK et ses turpitudes une fois encore à la une de notre hebdomadaire ! (...) "Je veux dire clairement ici que je reste allergique et hostile à tout ce qui contribue à maintenir vivante et médiatiquement sulfureuse la descente aux enfers de cet homme."
Ce rétropédalage s'adresse aujourd'hui principalement aux lecteurs. "Certains ont été choqués, indique Laurent Joffrin au Monde. C'est surtout vis-à-vis d'eux que nous avons pris la décision de ne pas faire appel. Nous avons écouté ce qui nous a été dit. On ne voulait pas avoir une attitude fermée en se tournant uniquement vers la justice."
Lors de l'audience en référé, DSK avait fait le déplacement, au palais de Justice de Paris. "Je dois vous dire combien je suis choqué par ce texte méprisable et totalement mensonger, je suis horrifié par le procédé qui a été utilisé pour obtenir ce livre (...) Est-ce que tout est permis pour gagner de l'argent ?", avait dénoncé l'ex-patron du FMI. "Sous couvert de littérature, on vous demande de sacraliser l'indiscrétion (...) Si on ne réagit pas, l'édition est morte, la presse est morte (...) Ce livre est d'une cruauté sans limite", avait plaidé maître Richard Malka, l'avocat de l'ex-élu socialiste.
De son côté, maître Henri Leclerc fustigeait l'attitude du Nouvel Observateur, qui s'était associé à la sortie du livre : "Laurent Joffrin condamne la presse de caniveau et devient la presse de caniveau. DSK est sur le pilori, tout le public a le droit de cracher sur lui et le directeur du Nouvel obs vient donner le coup de pied (...) Si tout journal pour subsister se met à descendre à ce niveau, alors nous sommes perdus et nous entrons dans la barbarie".