Fleur Pellerin a-t-elle oeuvré activement à la chute de Mathieu Gallet ? C'est en tout cas ce qu'affirme Agnès Saal, ex-patronne de l'INA dans une enquête de "Vanity Fair" consacrée à l'ancien PDG de Radio France. Dans cette dernière intitulée "Splendeur et misère d'un prince charmant", la journaliste Sophie Des Déserts revient sur la carrière balzacienne de Mathieu Gallet, passé en 2009 de conseiller de Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, à président de l'INA de 2010 à 2014, puis PDG de Radio France, de 2014 à 2018, avant de chuter brutalement. Mathieu Gallet a ainsi été évincé en janvier dernier de ce dernier poste par le Conseil supérieur de l'audiovisuel après sa condamnation à 20.000 euros d'amende et un an d'emprisonnement avec sursis pour délit de favoritisme. Une condamnation qui concerne des contrats passés lorsqu'il était président de l'INA et dont Mathieu Gallet a fait appel.
Dans son article, la journaliste de "Vanity Fair" rappelle que c'est "Le Canard enchaîné" et "Médiapart" qui, en 2015, ont mis sur la place publique ces contrats à l'origine des démêlés judiciaires de Mathieu Gallet. Le mensuel laisse entendre que ces révélations ont été rendues possibles grâce au successeur de Mathieu Gallet à l'INA, Agnès Saal. Cette dernière aurait à l'époque agi sur ordre de la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, dont les relations avec Mathieu Gallet étaient notoirement mauvaises.
Le mensuel raconte ainsi comment Agnès Saal a tenu à rencontrer Mathieu Gallet après leur départ fracassant de leur poste respectif - Agnès Saal ayant elle aussi été contrainte de quitter son poste à l'INA après des révélations embarrassantes sur des notes de taxi faramineuses. "Un soir, il (Mathieu Gallet, ndlr) a reçu un SMS d'Agnès Saal", raconte ainsi "Vanity Fair". "Elle voulait le voir. Café fixé un matin (...) Elle s'est excusée : elle avait simplement répondu aux ordres de sa ministre, pas voulu faire de mal", raconte le mensuel. Et la journaliste d'enfoncer le clou en citant cette fois directement l'ancienne patronne de l'INA : "C'est vrai, Fleur Pellerin m'avait demandé de sortir les contrats de Gallet (...) Voilà, je tenais à le dire à Mathieu, soulager mon coeur. Il a payé cher, moi aussi. En somme, on est deux victimes des politiques", a résumé Agnès Saal.