La maison d'édition met un terme à la commercialisation. Gallimard annonce dans un communiqué avoir pris la décision de ne plus vendre le journal de Gabriel Matzneff. "La souffrance exprimée par madame Vanessa Springora dans 'Le Consentement' fait entendre une parole dont la force justifie cette mesure exceptionnelle", a expliqué la maison d'édition qui publiait le journal intime de l'écrivain depuis 1990.
Depuis la fin du mois de décembre, Gabriel Matzneff est sous le feu des critiques après l'annonce de la parution d'un ouvrage baptisé "Consentement". Sorti vendredi dernier, ce livre est le témoignage de l'éditrice Vanessa Springora, relatant comment elle a été séduite au milieu des années 1980, et alors qu'elle était âgée de 14 ans, par un écrivain de renom appelé "G" ou "G.M" dans le récit. Derrière ces initiales, Gabriel Matzneff, qui a toujours proclamé dans ses ouvrages son goût pour les jeunes filles et les jeunes garçons.
Depuis le début de cette polémique, de nombreuses voix se sont élevées contre les maisons d'édition et les médias qui donnent ou qui ont donné la parole à l'écrivain. Invité sur France Culture dimanche, Etienne Gernelle, directeur du "Point", dans lequel Gabriel Matzneff tient une chronique depuis 2013, a annoncé que l'auteur de 83 ans avait décidé de cesser sa collaboration.
Lors de la sortie de l'ouvrage de Vanessa Springora vendredi dernier, une enquête préliminaire pour "viols commis sur mineurs" contre Gabriel Matzneff a été ouverte. "Au-delà des faits décrits par Vanessa Springora, cette enquête s'attachera à identifier toutes autres victimes éventuelles ayant pu subir des infractions de même nature sur le territoire national ou à l'étranger", avait précisé le procureur de la République Rémy Heitz vendredi dernier.
Par ailleurs, le ministre de la Culture Franck Riester avait fait valoir que "l'aura littéraire n'est pas une garantie d'impunité". Il a estimé aujourd'hui que l'allocation annuelle aux auteurs accordée par le Centre national du livre, dont Gabriel Matzneff bénéficie depuis 2002 n'était "pas justifiée". "Dans l'hypothèse où M. Gabriel Matzneff viendrait à demander le renouvellement de l'allocation dont il a bénéficié en 2019, son dossier sera comme tous les autres candidats, revu et analysé par cette commission (...) l'ensemble des faits rapportés me porte toutefois à considérer que cette allocation n'est pas justifiée et n'aurait pas dû perdurer", a indiqué le ministre, dans une lettre transmise à l'AFP.