Il quitte "Le Point". Depuis la fin du mois de décembre, Gabriel Matzneff est sous le feu des critiques après l'annonce de la parution d'un ouvrage baptisé "Consentement". Sorti vendredi dernier, ce livre est le témoignage de l'éditrice Vanessa Springora, relatant comment elle a été séduite au milieu des années 1980, et alors qu'elle était âgée de 14 ans, par un écrivain de renom appelé "G" ou "G.M" dans le récit. Derrière ces initiales, Gabriel Matzneff, qui a toujours proclamé dans ses ouvrages son goût pour les jeunes filles et les jeunes garçons.
Depuis le début de cette polémique, de nombreuses voix se sont élevées contre les maisons d'édition et les médias qui donnent ou qui ont donné la parole à l'écrivain. Gabriel Matzneff tenait notamment encore une chronique sur la spiritualité et les religions dans "Le Point". Interrogé le 30 décembre 2019 par l'AFP, le patron de l'hebdomadaire, Etienne Gernelle, avait tenu à soutenir son chroniqueur, annonçant qu'il refusait de se séparer de lui, et rappelant qu'il n'a jamais été condamné par la justice.
Mais invité hier soir sur France Culture, dans l'émission "Soft Power" de Frédéric Martel, Etienne Gernelle a confié que l'auteur avait pris la décision de quitter l'hebdomadaire. "Techniquement, Gabriel Matzneff ne fait pas plus de chroniques au 'Point'. Il nous a écrit début décembre - le 8 décembre pour être précis - pour dire qu'il arrêtait. C'est lui qui l'a décidé. Il savait probablement que le livre de Vanessa Springora allait sortir", a déclaré le patron du journal.
"On m'avait demandé pourquoi je ne l'avais pas viré. Je n'ai pas répondu à cette question pour plusieurs raisons. D'abord, concrètement, on ne vire pas quelqu'un qui s'en va. Deuxièmement, c'était un chroniqueur irrégulier qui devait au départ traiter des religions et qui a débordé un peu du sujet", a expliqué Etienne Gernelle. Et d'ajouter : "Je n'avais pas tellement envie de me joindre à ce que Vanessa Springora appelait dans 'Le Parisien' une chasse à l'homme. Donc, on ne l'a pas dit. Du coup, sa chronique est arrêtée aujourd'hui."