Du mouvement à la tête de Slate.fr. Selon une information révélée ce jour par nos confrères de Libération, le couple milliardaire Ariane et Benjamin de Rothschild, qui règne sur la puissante banque privée suisse Edmond de Rothschild - qui n'a rien à voir avec la banque d'affaires parisienne Rothschild & Cie, pilotée par une autre branche de la famille Rothschild -, a pris le contrôle du pureplayer le 30 juin dernier en procédant à une augmentation de capital.
Jusqu'alors, Ariane et Benjamin de Rothschild étaient les actionnaires principaux du site dans lequel ils ont commencé à investir en 2015. Après avoir augmenté à plusieurs reprises leur participation au capital, les Rothschild étaient montés à hauteur de 46% de ce dernier l'année dernière, selon BFM Business. Selon un salarié du site cité par Libération, Jean-Marie Colombani, co-fondateur et directeur de Slate.fr, a dû convaincre personnellement Ariane de Rothschild qui rechignait jusqu'alors à devenir actionnaire majoritaire, "de peur d'être assimilée aux autres milliardaires qui détiennent des médias", à l'instar de Vincent Bolloré ou Patrick Drahi.
Cette discrète prise de contrôle - le site a toujours cultivé une certaine opacité sur son actionnariat - intervient alors que le bateau Slate.fr prend l'eau. Lancé en février 2009 par Jean-Marie Colombani, Jacques Attali, Eric Le Boucher, Johan Hufnagel et Eric Leser, la version française du site américain éponyme n'est jamais parvenu à trouver un modèle économique pérenne. Pour rappel, ce dernier repose essentiellement sur le gratuit et donc sur le financement par la publicité. La prise de contrôle des Rothschild permettra logiquement l'apport de fonds supplémentaires pour permettre au site, dont les comptes sont dans le rouge, de subsister.
Comme le révèle Libération, il n'y a pas que le capital du site qui est sujet à modification. Si Jean-Marie Colombani reste patron du site web, Marc Sillam, un proche des Rothschild, est nommé directeur général. Il succède ainsi à Eric Leser, ancien correspondant du Monde aux États-Unis et co-fondateur du site. L'éditorial, lui, sera désormais piloté par Christophe Carron, ex-journaliste de "Voici" et Canal+, nommé rédacteur en chef. Selon Libération, les effectifs sont réduits à la faveur d'une clause de cession, abaissant à sept - contre douze auparavant - le nombre de journalistes permanents. Une formule éditoriale remaniée, basée exclusivement sur des articles au format magazine, devrait également voir le jour.