
Xavier Gorce réagit à la polémique. Sur le site du "Point", ce matin, le dessinateur est revenu sur l'indignation suscité hier sur les réseaux sociaux par l'un de ses dessins publié par "Le Monde". Dans l'illustration en question, on voit un jeune pingouin, personnage utilisé traditionnellement par le dessinateur, déclarer à un autre : "Si j'ai été abusée par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ?". Face aux critiques en ligne, "Le Monde" a désavoué publiquement son illustrateur en présentant ses excuses.
"Je n'ai jamais eu de dessin censuré et j'ai toujours bénéficié d'une grande liberté. Je suppose que ce dessin a dû être jugé correct avant sa publication sinon il ne serait pas passé... (...) Le dessin est toujours sur le site. Je refuse de parler de censure", a débuté Xavier Gorce, estimant que son dessin "a été mal compris", bien qu'il soit "pourtant clair" : "C'est une ironie sur les propos d'Alain Finkielkraut qui s'interrogeait sur le fait de savoir ce qu'était l'inceste, comme si cela pouvait amoindrir la faute morale". "C'est un contresens total que d'imaginer que mon dessin serait une quelconque légitimation de ces crimes", a-t-il ajouté.
Le père des petits pingouins a concédé qu'il pouvait "y avoir des dessins mauvais" : "Ca arrive !". "Mais il y a des gens qui ne comprennent pas, d'autres qui n'ont pas de second degré. Je n'y peux rien. Il y a des gens qui refusent de comprendre pour se consacrer entièrement à leur indignation, ce sont eux qui me posent problème. Ils ont un agenda idéologique et cherchent à soulever l'indignation des masses plutôt qu'à rire ou réfléchir, cela leur permet, pensent-ils, de faire avancer leur cause", a confié le dessinateur, qui travaille depuis 18 ans pour "Le Monde".
"Je vois surtout que la susceptibilité des réseaux sociaux a encore frappé ! Oui, il y a des communautés qui s'identifient comme victimes de la société, à tort ou à raison, et les communautés transgenres font partie de tous ceux qui n'acceptent pas que l'on fasse de l'humour sur des situations vécues douloureusement", a poursuivi Xavier Gorce. Et de lâcher : "Mais si on ne doit plus rire des situations douloureuses, je ne vois pas de quoi on va pouvoir rire dans les dessins de presse des années à venir !". Et de s'inquiéter de l'avenir des dessins de presse : "Si les rédactions ne résistent pas à la pression des réseaux sociaux, que ce soit pour des raisons d'image ou par peur des campagnes de dénigrement aux implications économiques, elles peuvent être tentées de faire table rase des choses jugées incorrectes ou offensantes comme peut parfois l'être le dessin de presse".