"Laurent Delahousse n'est pas un mec bien". Avec sa formule choc, lâchée dans les colonnes du "Parisien", Michel Drucker a fait son effet. S'il n'était jamais allé aussi loin jusqu'à présent dans ses déclarations publiques, l'animateur du service public ne s'était pas privé de glisser des tacles à son confrère tout au long de la saison. Il faut dire que Michel Drucker n'a pas tort lorsqu'il rappelle que l'idée d'avoir une grande tranche d'information le dimanche, dans la case occupée par "Vivement dimanche" puis "Vivement dimanche prochain" de 1998 à 2017, trottait bien dans la tête de Laurent Delahousse depuis longtemps.
Arrivé sur France 2 en 2006, après plusieurs années passées sur M6, Laurent Delahousse a rapidement pris de l'épaisseur sur l'antenne de la Deux. Recruté comme joker de David Pujadas au "20 Heures" semaine, le journaliste est titularisé le week-end au bout de quelques mois. Mais il semble rapidement à l'étroit dans son seul fauteuil de présentateur. Dès 2007 il créé et met en place le magazine "13h15 le samedi", décliné le dimanche l'année suivante, en prolongement des journaux du week-end. En deuxième partie de soirée, il renouvelle le genre du portrait avec "Un jour, un destin".
C'est en lançant le format "13h15" que l'idée de lancer une tranche d'information le dimanche entre 19 heures et 21 heures germe dans la tête de Laurent Delahousse. Le journaliste ne tarde ensuite pas à faire part de ses velléités sur la case. Dans une interview accordée à puremedias.com en 2012, le journaliste annonce travailler activement sur le projet avec Thierry Thuillier, directeur de l'information de France Télévisions à l'époque. À la question de savoir s'il veut virer Michel Drucker, Laurent Delahousse répond alors : "Bien sur que non, loin de moi cette idée ! Si 'Vivement dimanche' s'arrêtait une demi-heure plus tôt, le calage serait juste différent. Règle numéro 1 dans ce métier : ne jamais vouloir prendre la place de Michel Drucker !".
Menacé, Michel Drucker entame alors un travail de lobbying pour ne pas perdre sa case. Fort d'un public très fidèle, il a pour lui de réaliser de bonnes audiences dans sa case dominicale. En 2013, France 2 assure que l'arrivée de Laurent Delahousse le dimanche à 19 heures n'est pas d'actualité. De fait, Michel Drucker remporte la bataille et convainc ses directions successives de le maintenir en place, bloquant ainsi le passage à son confrère. Mais, en 2015, l'arrivée de Delphine Ernotte change la donne. La nouvelle patronne du service public a les "hommes blancs de plus de cinquante ans" dans le viseur.
Julien Lepers en 2016 puis David Pujadas en 2017, les têtes ne tardent pas à tomber et l'avenir de Michel Drucker, âgé de près de 75 ans, semble plus incertain que jamais. En 2016, "Vivement dimanche" est arrêtée mais l'animateur conserve deux rendez-vous le dimanche sur France 2 : "Vivement dimanche prochain" et "Vivement la télé". Un an plus tard, Delphine Ernotte finit par réaliser le vieux rêve de Laurent Delahousse et lui cède les clés de la case du dimanche soir. Michel Drucker, lui, ne conserve qu'une seule hebdo et est recasé une heure plus tôt.
Après avoir vécu sous la "menace Delahousse" pendant des années, Michel Drucker n'a pas boudé son plaisir cette saison en commentant allègrement les mauvaises performances de "19h le dimanche", une émission qui n'est jamais parvenue à trouver son public. "Quand on rend l'antenne, on est à près de 2,5 millions... Plus nombreux que sur la case de '19h le dimanche' tant désirée par Laurent", ne peut-il s'empêcher par exemple de lâcher dès le mois d'octobre. Quelques semaines plus tôt, c'est le contenu même de l'émission qu'il avait fusillé. Extrêmement commentée, la sortie virulente de Michel Drucker dans "Le Parisien" vient aujourd'hui boucler la boucle et clore d'une manière pour le moins spectaculaire le bras de fer entre les deux hommes.