A contre-courant. Ce matin, invité de France Info, le producteur Emmanuel Chain, ("Fais pas ci, fais pas ça", "Sept à Huit"...) a salué l'arrivée de Netflix en France avec beaucoup d'enthousiasme. "C'est une bonne nouvelle pour le public, qui adore les séries. Une nouvelle offre qui permet de pouvoir regarder des séries où on veut et quand on veut, c'est formidable, a-t-il expliqué. C'est aussi formidable pour la création, il va y avoir un nouvel appétit, cela ne va absolument pas affaiblir la télévision, cela va l'obliger à se réinveter en permanence".
A ceux qui voient dans l'arrivée de l'acteur américain la fin programmée de la télévision linéaire, Emmanuel Chaîn reste convaincu que le poste télé reste "un média puissant", prenant pour exemple les audiences d'hier soir, avec plus de 10 millions de téléspectateurs devant pour "Castle" et "Esprits Criminels".
Contrairement à beaucoup de producteurs, Emmanuel Chain ne craint pas un appauvrissement de la création, malgré l'absence d'obligations d'investissements pour Netflix, dont le siège est basé à Amsterdam. "Les chaînes ont intérêt à ce que les séries soient vues le plus possible dans leur durée de vie, elles vont obtenir 50% des recettes sur celles qu'elles ont financées. Ca apportera plus de moyens pour la création", a-t-il expliqué. Les premières saisons de "Fais pas ci, fais pas ça" sont par exemple disponibles sur Netflix, vendues par France Télévisions Distribution.
"Quand il y a un acteur qui arrive avec une nouvelle offre, ça réveille tout le marché", a-t-il martelé, comme Numéricable avec SériesFlix. Selon le producteur, les acteurs français actuels ne peuvent pas financer suffisamment de projets, il en faut de nouveaux. "Canal+ doit recevoir 300 projets de séries par an, ils en lancent une ou deux. Aujourd'hui vous aurez d'autres acteurs capables de bousculer le marché", a-t-il avancé. Aux Etats-Unis, selon Emmanuel Chain, 50 acteurs sont capables de financer des projets, contre 4 en France (TF1, France TV, Canal+ et M6).
"Quand ma société finance en même temps 10 développements, il y en aura peut-être un qui sera à l'antenne. Ces développements, nous les finançons avec notre argent, c'est normal. Et si l'un d'eux est un succès, il rémunère toute la chaîne de création. Donc nous avons intérêt à ce que le marché s'ouvre et qu'il y ait de nouveaux acteurs", a-t-il conclu.
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