Hier soir, les fans de "NCIS : Los Angeles" ont à la fois assisté à une très belle surprise et à un terrible drame. Un choc d'émotions que les téléspectateurs qui n'ont pas encore vu l'épisode ne voudront sans doute pas découvrir dans cet article, qui contient des éléments très importants de l'intrigue de ce double épisode. Pour les autres, puremedias.com vous propose une interview avec Eric Christian Olsen, alias Marty Deeks dans la série, réalisée lors du récent Festival de Télévision de Monte-Carlo. Le comédien revient sur ce final intense et plus largement sur le succès phénoménal de la série, deuxième drama le plus regardé aux Etats-Unis derrière... "NCIS" !
Propos recueillis par Charles Decant.
Comment expliquez-vous le succès de "NCIS : Los Angeles" à l'étranger ?
C'est une série qui se déroule au plan mondial, donc on a des méchants qui viennent du monde entier, déjà. Mais je pense aussi que certaines choses dans l'art sont universelles : les personnages, le développement de ces personnages, les relations... Et ça, ça se traduit dans toutes les langues, partout dans le monde. Je pense que c'est pour ça que la série marche si bien à l'échelle internationale. C'est pareil pour le cinéma, ça marche pour les mêmes raisons.
Quel est le côté le plus intéressant de votre personnage ?
Ce que j'apprécie le plus, c'est qu'il est vraiment multi-dimensionnel, il y a plusieurs facettes de sa personnalité. C'est quelqu'un qui est devenu très fort pour se préserver, pour survivre, et ça vient de sa relation avec son père - ou de l'absence de relation, d'ailleurs. Et aujourd'hui, il y a sa relation avec la police de Los Angeles, le fait qu'il soit avocat mais qu'il ait renoncé à ça... Deeks est un petit garçon perdu, qui cherche une sorte de famille, une sorte de confiance, une sorte de relation et il trouve ça avec Hettie, qui est un peu une mère pour lui, avec Kensi... Sa manière de gérer ces relations oscille souvent entre le dramatique et le comique, et c'est très amusant à jouer !
Ca fait quatre ans que vous incarnez ce personnage, c'est votre plus long rôle ! Pas encore lassé ?
Ce qui est magnifique avec la télévision en ce moment, et surtout sur une série comme celle-ci, c'est qu'on a la possibilité de développer les personnages au fil d'épisodes multiples, de saisons multiples. La performance artistique la plus réussie de ma génération se joue en ce moment-même à la télévision, c'est Bryan Cranston qui la livre dans "Breaking Bad". C'est le développement de personnage le plus incroyable que j'aie jamais vu ! Et ça se passe maintenant ! Alors évidemment, c'est une série très différente de la nôtre. Même si on a des personnages forts, on reste une série procédurale. Mais on a l'opportunité de trouver des arcs qui peuvent durer 200 épisodes ! "NCIS" l'a prouvé. Je ne suis pas du tout lassée, notamment parce que ce personnage est si riche.
Parlons du dernier épisode choc de la saison 4. Kensi et Deeks s'embrassent enfin dans le dernier épisode de la saison. C'était inévitable étant donné la direction que prenait la série depuis plusieurs saisons ?
Je pense que ce qui est très intéressant, c'est de conserver le plus longtemps possible la tension dans ce type de relation. Et je pense qu'il faut trouver la vérité du personnage pour ensuite accéder à la victoire du personnage. Et pour Deeks, c'est une vraie victoire parce qu'il n'arrive pas à exprimer ce qu'il ressent. Là, il agit. Mais il va devoir revenir en arrière suite aux événements tragiques du dernier épisode... Cette scène de torture, ça remet tout en cause. Il va peut-être en ressortir traumatisé ! Comment cela va-t-il impacter ses relations ? Pas seulement avec Kensi, mais aussi avec Sam, qu'il considère partiellement responsable. Avec Hetty, avec Callen, qui n'était pas là... C'est une situation très complexe qui va évoluer la saison prochaine.
C'est un vrai coup dur pour les fans du couple, et pour ce personnage... !
Oui c'est une histoire assez inhabituelle ! Le garçon rencontre la fille. Le garçon embrasse la fille. Le garçon se fait torturer... La saison 5 va être très intéressante, on va voir Deeks gérer tout ça, ses émotions. Il n'a jamais été bon en communication. Il est très bon pour aider les autres à communiquer, mais quand ça le concerne lui, il ne dit rien, il ne sait pas le faire. C'est pour ça qu'il finit par tirer sur son père et embrasser Kensi comme dans un film des années 20. Ce sont des émotions très fortes qu'il ne sait pas gérer.
Combien de temps pensez-vous que la tension entre Kensi et Deeks peut durer, s'il y a un retour en arrière ?
Je n'en sais rien, honnêtement ! Si vous regardez la littérature, les grandes histoires ont le même schéma : trouver deux personnages qui sont faits l'un pour l'autre, que ce soit une évidence pour tout le monde, et mettre des obstacles sur leur chemin. Je pense que si on n'avait pas intégré le baiser, les gens se seraient lassés. Ils seraient passés à autre chose. Mais là, ce moment, c'est ce que tout le monde attendait et juste après, on recule. C'est comme la vie. Il y a ces moments de perfection, et on passe notre vie entière à tenter de retrouver des putains de moments. C'est ce que la série a réussi à faire de belle manière jusqu'ici. Il y a eu ce haut très, très haut, suivi juste après d'un bas très, très bas. Surtout pour mon personnage. Le dernier épisode était génial, sur ce point, les gens ont été désarmés face à ce qui arrive à Deeks. Ce dernier cri...
"NCIS : Los Angeles" est le deuxième drama le plus suivi aux Etats-Unis et pourtant, il ne bénéficie pas d'un accueil critique particulièrement enthousiaste...
C'est une situation très compliquée. Il y a la réponse politiquement correcte et puis l'autre...
La réponse politiquement correcte n'a pas beaucoup d'intérêt !
En vérité, ce n'est pas la même façon de raconter des histoires... Si vous parlez de remporter des récompenses etc, si on me donne le choix, je prends 20 millions de téléspectateurs sans hésiter ! C'est incroyable qu'on ait ce nombre de fans ! Mais on est une série très différente de celles qui gagnent des awards. Qu'est-ce qui a gagné par exemple, l'an dernier ?
"Mad Men" ?
"Mad Men" ! C'est une excellente série ! Mais ils ont trois ou quatre millions de téléspectateurs. Et c'est une façon de raconter des histoires très différente... Je dis ça alors que je regarde "Mad Men" et que j'aime "Mad Men" ! Je regarde "Breaking Bad". Je regarde "Homeland". Ce sont des séries que j'adore. Mais notre série s'adresse à un public plus large. C'est comme "Star Trek". Vous avez vu le nouveau ? Il est génial ! Ce film est incroyable ! Mais il ne gagnera aucun trophée. C'est le film commercial le plus fascinant de l'été. C'est comme "Avengers". Mais les gens qui mettent des noms dans des enveloppes ne vont pas nommer des films comme celui-là. Pourtant, il n'y aura sans doute pas de film plus divertissant que "Star Trek" cet été. Benedict Cumberbatch est le méchant le plus réussi qu'on ait vu au cinéma depuis quelques temps...
Quand on recherche votre nom sur Google, l'un des premiers résultats est l'annonce que votre femme et vous attendez un enfant. Comment vivez-vous le fait que votre vie privée ne le soit plus ?
Ca fait partie du métier. Ils me donnent énormément d'argent pour jouer dans une série télé. Quand on signe, on sait que ça fait partie du deal. Mais on a de la chance parce qu'on a un public très respectueux. Ce sont aussi bien des étudiants qui veulent qu'on boive des shots avec eux que des parents qui viennent nous dire qu'ils aiment la série, qu'ils la regardent avec leur parents mais aussi leurs enfants. On a des super fans. Mes parents regardent, mes tantes et mes oncles, leurs collègues. La grossesse de ma femme, nous l'avons gardée secrète pendant cinq mois. Puis, on a pris la décision d'appeler le magazine People, qui était au courant depuis un moment. Mais on leur a dit "On vous donnera une photo, on fera la totale". Donc on contrôle le chaos. Ca fait partie du jeu.