Deux jours après son commencement, l"affaire Clément Méric" continue de faire la Une de l'actualité. Après s'être rapidement déportée sur le terrain politique, la tragique histoire de ce jeune militant d'extrême gauche, décédé hier après une rixe avec des skinheads, crée maintenant le débat sur le terrain médiatique. D'aucuns s'interrogent en effet sur le rôle joué par les médias dans la propagation des idées de l'extrême-droite ces derniers mois.
Invitée ce matin du "Face à face politique" de Christophe Barbier sur i-TELE, Najat Vallaud-Belkacem a alimenté la polémique en pointant du doigt la responsabilité des médias dans la "banalisation" des idées d'extrême-droite. La porte-parole du gouvernement a rappelé à l'ordre ces derniers en affirmant que "les médias doivent veiller à ne pas donner plus d'audience que de raison à des groupuscule". Evoquant les passages récents dans les médias de leaders extrémistes comme Serges Ayoub, chef des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) ou Alexandre Gabriac, patron des Jeunesses nationalistes, Najat Vallaud-Belkacem a dénoncé "la publicité" ainsi faite à "des idées insupportables pour la démocratie". La ministre a surenchéri en qualifiant ces apparitions médiatiques de "tribunes" permettant à ces leaders de "faire passer des idées auprès de jeunes qui les prennent pour argent comptant".
Interrogée par Christophe Barbier sur le fait qu'il était peut-être du rôle du législateur d'interdir ce type de propos, la porte-parole a avoué l'impuissance du gouvernement à faire condamner des "appels à la haine et à la violence" formulés avec "des mots plus policés". Elle a précisé que c'était précisément "là où les responsables médiatiques ont un rôle à jouer en faisant la part des choses entre ce qui acceptable et ce qui ne l'est pas, ou du moins, même si l'on donne la parole à ces gens, en l'accompagnant d'un discours un peu citoyen pour (...) préciser qu'il y a des choses qui sont intolérables".
"Avec la liberté d'expression ?" demande alors Christophe Barbier. "Avec la liberté d'expression qui s'arrête où commence celle des autres" a repliqué Najat Vallaud-Belkacem. Précisant qu'en France, la liberté d'expresion était protégée, elle a rappelé que les individus doivent aussi l'être. Et de prendre à témoin le patron de L'Express en faisant référence à "l'affaire Clément Méric" : "Vous voyez bien que quand on laisse la liberté d'expression à tout crin, à tout bout de champ, on arrive aussi à des dérives, des dérapages et des passages à l'acte".