C'est la grève à BuzzFeed France. Depuis hier, les 14 employés de la déclinaison française du site américain ont cessé le travail. Ils demandent ainsi la suspension de la procédure de licenciement économique les visant depuis l'annonce, le 7 juin dernier, par la maison-mère américaine, de la fermeture de sa version française à partir du 20 juillet prochain.
Hier après-midi, comme l'a rapporté "Libération", Thomas Hollande, l'avocat des salariés de BuzzFeed a demandé la suspension en référé de ce plan de licenciement devant le tribunal de grande instance de Paris. Selon lui, la procédure initiée outre-Atlantique ne serait pas respectueuse du droit français. Les informations transmises aux représentants du personnel de BuzzFeed France sur la situation économique du site et sur le motif-même du placement en cessation de paiement sont ainsi jugées "très insuffisantes voire incompréhensibles" par le fils de l'ancien président de la République.
Au cours de l'audience de lundi, un chiffre a ainsi été confirmé : en 2017, BuzzFeed France a réalisé un bénéfice de 69.000 euros, pour un chiffre d'affaires de 1,4 million d'euros. Cette somme proviendrait d'un "mystérieux contrat avec l'entité britannique du groupe américain" selon "Libé". Au tribunal de grande instance, l'avocate du groupe américain a rétorqué que ce niveau de profit ne suffisait à assurer la viabilité économique du site français, qui n'avait par ailleurs pas engrangé de revenus en 2015 et 2016.
De leur côté, les équipes de BuzzFeed mettent en avant les audiences croissantes réalisées par leur site, hors Facebook, plateforme sur laquelle elles ont été attaquées par le récent changement d'algorithme décidé par le géant américain. Les journalistes de BuzzFeed France critiquent aussi la stratégie commerciale de leur maison-mère qui a choisi de ne pas ouvrir de régie publicitaire dédiée en France, s'en remettant dans ce domaine à son antenne londonienne. Dans ce dossier, le tribunal de grande instance de Paris rendra sa décision mercredi.
Mi-juin, Franck Annese, spécialiste du secteur en tant que patron de So Press ("Society", "So Foot") avait commenté l'annonce de la disparition de BuzzFeed France dans #QHM :