C'est une première dans l'histoire des médias. Le "New York Times" a annoncé avoir lancé une poursuite auprès d'un tribunal fédéral contre OpenAI, créateur du logiciel ChatGPT, ainsi que Microsoft, son principal investisseur. Le célèbre journal américain estime que l'outil d'intelligence artificielle n'a pas respecté les lois encadrant les droits d'auteur, en utilisant ses articles pour alimenter ses bases de données. Un porte-parole du quotidien a assuré que "comme la plainte l'explique, Microsoft et OpenAI ont utilisé notre travail pour développer et commercialiser leurs produits d'intelligence artificielle générative sans avoir la permission du 'Times'".
Le journal estime qu'il s'agit ainsi d'une "violation des droits d'auteur en termes de contenu et de travail journalistique", et le préjudice subi serait de "plusieurs milliards de dollars". En cause, le fonctionnement de ChatGPT, qui "repose sur des modèles d'apprentissage massif qui ont été construits en copiant et utilisant des millions d'articles du 'Times' protégés par les droits d'auteur" explique le quotidien new-yorkais. Selon eux, Microsoft et OpenAI "ont donné aux contenus du Times une importance particulière dans la construction de leur modèle d'apprentissage, soulignant une préférence qui reconnaît la valeur de ce travail".
"Les lois sur les droits d'auteur protègent notre journalisme. Si Microsoft et OpenAI veulent utiliser notre travail pour un usage commercial, la loi les oblige à demander d'abord la permission. Ils ne l'ont pas fait", précise le porte-parole du "New York Times", qui assure que le quotidien a tenté de négocier avec les deux entreprises de technologie américaines pour "recevoir une compensation adéquate pour l'utilisation de ses contenus", mais aucun accord n'a été trouvé.
Le modèle de ce type d'intelligence artificielle, dite générative, est dénoncé depuis son apparition en 2022 par de nombreux artistes, écrivains et journalistes. Car si ces outils produisent des images ou des textes, ceux-ci sont alimentés par des contenus créés par des humains. Des contenus qui vont ensuite permettre "d'entraîner" ces "robots" en ligne. En septembre dernier, plusieurs écrivains, dont George R.R. Martin, auteur de la saga "Game of Thrones", avaient lancé une action similaire à celle du "New York Times".
Mi-décembre, OpenAI avait trouvé un accord avec le groupe de médias allemand Axel Springer. En échange d'une somme d'argent estimée à "des dizaines de millions de dollars", par an, le géant de l'IA a acquis le droit d'entraîner ses logiciels sur les articles des sites du groupe, comme de "Politico", "Business Insider" ou encore "Bild", afin de répondre plus précisément aux questions d'actualité sur ChatGPT. À la même époque, Axel Springer a annoncé que son application d'infos "Upday" exclusive aux téléphones Samsung, et jusque-là gérée par des journalistes, sera également transformé en un "générateur de tendances d'actualité exclusivement dirigé par l'intelligence artificielle".