Crise en cours au très prestigieux "New York Times". Mercredi, environ 200 contributeurs du quotidien le plus lu au monde sont montés au créneau pour dénoncer la couverture éditoriale des enjeux autours des questions de transidentité. Une mauvaise représentation des personnes "transgenres, non-binaires et de genre non conforme". Dans un courrier adressé à la direction, les journalistes pointent du doigt "de sérieuses inquiétudes concernant les biais éditoriaux". Parmi les signataires, des plumes reconnues aux Etats-Unis, se reconnaissant pour certains comme "LGBTQ".
"Certains d'entre nous sont trans, non-binaires ou non-conformes au genre, et nous n'aimons pas que notre travail soit assez bon pour le journal mais pas notre personne. Certains d'entre nous sont cis, et nous avons vu ceux que nous aimons découvrir et se battre pour leur véritable identité, souvent en nageant à contre-courant face à la bigoterie et aux pseudo-sciences fomentés par le type de couverture que nous dénonçons ici", peut-on lire dans la longue lettre adressée à la direction du journal.
Ce courrier établit un lien entre la couverture actuelle des enjeux de la question de genre et celle de l'homosexualité il y a des décennies. Ils rappellent que le journal a participé à leur "diabolisation" de la deuxième moitié du XXe siècle. "Le directeur de la rédaction et rédacteur en chef du New York Times, A. M. Rosenthal, a négligé de mettre le sida en première page jusqu'en 1983, date à laquelle le virus avait déjà tué 500 New-Yorkais. Il a refusé des promotions à des collègues dont il avait appris par la rumeur qu'ils étaient homosexuels".
Les journalistes n'hésitent pas à pointer du doigt leurs collègues, leur travail, et les éléments qui leur posent problème. Un point qui n'est pas du tout passé pour la direction. Dans un second courrier, émis cette fois en réponse, elle dénonce l'attitude de ses salariés. "Les journalistes qui ont rédigé ces article ont subis des mois d'attaques, de harcèlement et menaces", rappelle le rédacteur en chef du journal, Joe Kahn.
Autre point que ne passe pas, le prétendu alignement des rédacteurs avec des "advocacy group", traductible en "lobby" ou "groupes de pression". Quelques jours plus tôt, une association ("GLAAD") avait adressé au NYT un courrier reprochant au quotidien les mêmes travers que ceux relevés par ses journalistes. "Ne n'acceptons pas et le tolérerons pas la participation de nos journalistes dans des campagnes organisées par des lobbies ou dans des attaques contre leurs collègues sur les réseaux sociaux ou d'autres canaux publics". "Nous vivons dans une période où les journalistes sont pris pour cibles pour leur travail de qualité et essentiel. Nous sommes engagés à les soutenir et à les protéger. Leur travail fait briller (le "New York Times") et nous rend fiers", conclut-il.