Premier titre pour Jean-Pierre Pernaut dans le cadre des TV Notes de puremedias.com. Cette année comme les précédentes, vous avez une nouvelle fois été très nombreux à participer à la plus grande enquête sur la télévision avec plus de 700.000 votes. Pour cette édition 2016, vous avez choisi d'élire Jean-Pierre Pernaut meilleur présentateur de JT de la saison. Le journaliste de 66 ans de TF1 devance ainsi sa collègue Anne-Claire Coudray et Laurent Delahousse de France 2. Jean-Pierre Pernaut succède aussi à Gilles Bouleau. puremedias.com a recueilli la réaction du lauréat de cette année.
Propos recueillis par Benjamin Meffre
puremedias.com : Est-ce que du haut de vos 30 ans de JT, ça vous fait toujours autant plaisir de recevoir ce genre de prix ?
Jean-Pierre Pernaut : Oh oui, ça fait plaisir ! C'est beaucoup de fierté ! C'est un journal dans lequel je mets toutes mes tripes depuis presque 30 ans avec toujours autant de passion et au plus près de la vie des gens. Donc oui, bien sûr, ça fait plaisir ! Ca complète les bons résultats qu'on peut avoir au quotidien avec le journal.
Le public de puremedias.com est plutôt jeune. Comment expliquez-vous que ce public-là vous ai choisi ?
Parce que le journal a beaucoup évolué au fil des années ! Quand on regarde la structure de son audience, elle est de plus en plus jeune. Il y a de plus en plus de jeunes qui regardent le JT de 13 Heures. C'est peut-être pour ça. Autrefois, le journal n'était regardé que par un public très âgé. Aujourd'hui, il y a toujours un public très âgé qui nous regarde mais il y a aussi de plus en plus de jeunes qui semblent eux aussi s'intéresser à la vie quotidienne et à la proximité qu'on essaye de mettre en avant dans le journal.
Pour la jeunesse, n'êtes-vous pas un peu le Jacques Chirac du journalisme, autrement dit un objet culturel rassurant, une sorte de mascotte ?
Une mascotte ?! (Rires) Non, n'exagérons rien ! Je me contente de faire mon boulot comme tout le monde. C'est un journal qui a toujours été un peu différent. C'est vrai qu'on a initié un JT de proximité volontairement axé sur la vraie vie de gens avec des reportages concrets et la création d'un réseau de correspondants partout en France. Alors, ça a été très critiqué au début il y a 30 ans. Ca l'est beaucoup moins aujourd'hui parce que tout le monde fait un peu la même chose et essaye d'aller vers la proximité et la vie. Les jeunes apprécient cela, je pense. Un journal télé, ce n'est pas qu'un ramassis de mauvaises nouvelles. Ce sont aussi les passions, les efforts. Il y a aussi en fin de JT toute une partie sur le patrimoine des régions, la culture des régions. Les jeunes aussi aiment découvrir cela.
Ca vous fait plaisir d'avoir été copié par la suite par les autres JT et magazines ?
Ce n'est pas de la copie ! C'est juste un intérêt plus grand pour le patrimoine. C'est normal et naturel. On l'avait vu venir avant les autres. Les autres l'ont vu venir un peu en retard. Tous les médias vont vers davantage de proximité parce que l'institutionnel s'est éloigné de la vie des gens. C'est cette dernière qui reste prioritaire pour les téléspectateurs. Donc les grands médias, les grands JT, tout le monde va dans la même direction.
Vos audiences sont toujours extrêmement élevées et désormais bien plus que celle de TF1 en moyenne. La "marque Pernaut" est-elle devenue plus forte que la marque TF1 ?
Non ! La marque Pernaut n'existe que parce qu'elle est sur TF1 ! Je ne suis qu'un élément de la chaîne TF1. Sur TF1 par exemple, il y a aussi la marque Reichmann qui marche très bien avec des audiences faramineuses. Les audiences restent fortes à 13h. Il y a une dispersion qui s'est faite naturellement sur les autres chaînes mais TF1 reste tout de même largement leader.
Ferez-vous partie du dispositif de TF1 pour la présidentielle 2017 ?
Dans le 13 Heures oui, avec plein d'éditions spéciales et avec une couverture toujours au plus près des préoccupations des Français. Dans les soirées électorales, non en revanche. Elles seront toujours animées par Gilles Bouleau et Anne-Claire Coudray.
Quid du retour de "Combien ça coûte ?" ?
C'est toujours une idée qu'on a avec Christophe Dechavanne qui en est le producteur et qui est aussi le propriétaire de la marque. C''est une marque forte. On a fait 20 ans de prime time mensuel. Ca a été l'une des plus longues émissions en prime de l'histoire du PAF. Elle marchait très bien même si elle a pris de l'âge à un moment où TF1 et les autres chaînes se sont lancées dans d'autres types de programmes. Je pense que le principe d'une émission comme "Combien ça coûte ?" pourrait revenir sur une des chaînes du groupe TF1, que ce ce soit TF1, TMC ou NT1. On essaye avec Christophe de convaincre nos directeurs des programmes de remettre l'émission. Quand on parle d'argent, on est proche des gens, surtout avec la petite pointe d'impertinence qui était la marque de fabrique de l'émission. Je pense qu'on pourrait le refaire demain matin.
Yann Barthès s'est beaucoup moqué de vous dans "Le Petit Journal". Ca fait quoi de l'avoir pour collègue désormais ?
Il s'est moqué de moi avec beaucoup d'humour et de talent. D'ailleurs, j'ai fait un petit clin d'oeil dans sa dernière. On a des échanges de temps en temps. On s'envoie des photos, des mails sympas. Je me suis bien amusé en regardant "Le Petit Journal". C'est toujours avec plaisir qu'on accueille sur TF1 des gens qui ont autant d'expérience et de talent.
Craignez-vous la nouvelle formule sur laquelle planchent Marie-Sophie Lacarrau et ses équipes pour le 13 Heures de France 2 ?
Je ne sais pas du tout sur quelle formule ils planchent. Nous, notre journal va continuer à évoluer comme il le fait depuis 29 ans. Vous savez, il y a eu beaucoup de présentateurs sur la Deux depuis que je suis là. Il y en a eu 17 je crois. Elle sera la 18e. Elise Lucet est celle qui est restée le plus longtemps.
D'ailleurs, vous ne l'avez pas saluée à l'antenne lors de son départ ?
Non, c'est vrai. Je lui ai envoyé un petit mot mais je ne l'ai pas saluée. Je ne salue pas d'une chaîne à une autre. Je ne le fais jamais. Mais bon, on a eu une concurrence très loyale et je regarde toujours attentivement le journal de France 2 car ils ont une rédaction solide comme la nôtre. On a ce petit truc en plus qu'ils n'ont pas et voilà (rires).
Vous regardez toujours vos concurrents ?
Oui, toujours. Parfois on apprend des choses. Je ne suis pas isolé dans ma tour. J'observe leur ton, leur orientation éditoriale. Là, je vais voir. Je ne sais pas du tout ce que prépare ma concurrente de la Deux. Elle a l'air en tout cas très sympathique à l'antenne. Et puis moi, je continue avec des évolutions permanentes, sur Twitter et sur Facebook par exemple.
Quel est justement votre rapport aux réseaux sociaux ?
Énormément de gens utilisent Twitter et Facebook aujourd'hui. Je l'utilise pour faire savoir ce qu'on a dans le JT, pour annoncer les séries magazine par exemple. De temps en temps, il y a une petite réaction personnelle qui sort... Mais je parle aussi de théâtre puisque je suis aussi auteur de théâtre avec la pièce "Piège à Matignon" par exemple.
Ce sont quand même de vrais médias d'opinion pour vous. On se souvient de vos sorties parfois fracassantes lors de la première décision du CSA dans le dossier LCI...
Oui, j'ai dit ce que je pensais de la première décision du CSA. Je ne vois pas pourquoi je m'en passerais (rires). La deuxième décision était bien meilleure (rires). D'ailleurs, je n'ai pas réagi. Non, pour être sérieux deux minutes, Twitter et Facebook sont de vrais compléments pour le JT et l'antenne de TF1, notamment dans l'échange avec les téléspectateurs ou pour montrer des images des coulisses.
Depuis le départ de Claire Chazal, vous apparaissez un peu comme le dernier des Mohicans de l'info. Est-ce que votre but est de tous les enterrer ?
Ah non pas du tout !! Je ne les enterre pas. Ils reviendront peut-être un jour. Non, moi je fais mon boulot avec passion. J'ai une équipe formidable. Je ne vais pas vous dire le contraire (rires) mais j'ai vraiment une équipe formidable avec qui je m'entends vachement bien. On s'entend également très bien avec les autres éditions. Je m'entendais très bien avec Claire et Patrick et je m'entends très bien avec Gilles et Anne-Claire. J'ai toujours la même passion pour ce journal, la même rigueur éditoriale. Je fais mon boulot avec passion et je suis content d'être en tête de ce sondage.