Que retenir de cette année médiatique ? Pour la troisième saison, puremedias.com propose sa série d'interviews des personnalités du PAF, qui vous livrent leurs coups de coeur et coups de gueule. Au tour de Nicolas Demorand, présentateur d'"Un jour dans le monde" (18h10) et "Le Téléphone sonne" (19h20) sur France Inter.
La personnalité médiatique de l'année ?
Marc Trevidic, médiatique au meilleur sens du terme : légitime, inattaquable sur ses compétences, sachant s'exprimer clairement, animé d'un esprit civique et républicain d'une importance cruciale dès lors qu'il s'agit de parler de terrorisme et des attentats qui ont frappé la France. Une interview de lui vaut toutes celles des faux experts.
La personnalité politique de l'année ?
Ce collectif, de la base au sommet, qu'est la diplomatie française. Pour la COP21, son travail en amont et pendant la conférence a permis à près de 200 pays aux intérêts divergents de se retrouver sur un texte commun. La France a démontré qu'avec beaucoup de volonté et de savoir-faire le multilatéralisme n'était pas mort : grande nouvelle. Quant au climat, l'accord signé, tout reste maintenant à faire.
Le coup médias de l'année ?
Sale coup : "Sesame street" passe sur HBO. Cette émission qui a bercé l'enfance de tous les jeunes téléspectateurs américains (moi compris !) incarnait ce qu'on appellerait, ici, le service public dans l'une de ses missions les plus nobles. En passant sur une chaîne payante, la télévision américaine se prive d'une des dernières grandes émissions qui parlait à tous les enfants, qu'importe leur couleur de peau ou leur classe sociale.
Le mensonge médiatique de l'année ?
Je renvoie aux rubriques "Les Décodeurs" du Monde et "Désintox" de Libé : possibilité d'y faire un marché infini et quotidien.
L'émission TV de l'année ?
Je ne regarde plus la télévision que via Twitter. C'est donc au hasard de ma timeline que j'ai pu voir l'exceptionnel "Petit Journal" au lendemain des attentats du 13 novembre, un modèle de journalisme et de pudeur. Ou, dans un genre différent, la profonde et radicale émission du site "Arrêt sur images" consacrée aux néo-réactionnaires français : décor réduit au minimum, ample temps de parole, vrai débat. Là encore, un modèle qui n'existe plus "dans le poste".
L'émission radio de l'année ?
Snobissime et conseillé par Frédéric Carbonne, correspondant de France Inter aux Etats-Unis : le fantastique et narcissique podcast du romancier Bret Easton Ellis.
Le dérapage médias de l'année ?
Le ratage médiatico-sondagier qu'illustrent les enquêtes d'opinion lors des élections en Israël et au Royaume Uni. Fausses sur toute la ligne, ces vagues de sondage ont au moins eu un mérite : nous remettre sous les yeux que la politique existe, que la démocratie est vivante et donc imprévisible. Rendez-vous en France en 2017.
Le/la journaliste de l'année ?
La presse allemande sur les réfugiés : traitement exemplaire, inventivité de journaux massivement lus, qu'ils soient populaires ou de référence, capacité d'engagement sur des valeurs fortes quand l'Histoire prend le pas sur l'actualité.
L'animateur/animatrice de l'année ?
L'Américain Howard Stern, sorte de Thierry Ardisson shooté au captagon et dépourvu de surmoi, cheveux hirsutes et bête de micro. Il a quitté la bande FM il y a dix ans pour se lancer dans la radio satellitaire payante (SiriusXM), inexistante sous cette forme en France. Jackpot : 29 millions d'abonnés pour ce bouquet de radios, venus en grosse partie pour l'écouter. Plus un contrat en or massif renégocié à la hausse pour le sale gosse de 62 balais.
Le/la personnalité médiatique qui marquera 2016 ?
Donald Trump. Qu'il gagne la primaire républicaine, qu'il se présente comme indépendant, qu'il s'effondre en route, il aura donné une image qui nous rappelle que ce pays, les Etats- Unis, qu'on croit connaître par coeur, demeure radicalement exotique, pour une part mystérieux et, en l'espèce, effrayant.