Vague en progression pour France Info. Fortement relancée en septembre autour d'une offre recentrée sur l'information, la station publique compte désormais 4,3 millions d'auditeurs et 6,3% de PDA. France Info gagne ainsi 72.000 fidèles sur un an (+1,7%) et inverse l'érosion de son audience entamée depuis plusieurs années. La radio se paye même le luxe de repasser devant RMC. puremedias.com a demandé à Laurent Guimier, le nouveau patron de la station arrivé en juin dernier, de commenter ces résultats encourageants.
Propos recueillis par Benjamin Meffre
puremedias.com : Vous disiez en août que l'objectif était de stabiliser l'audience dans un premier temps puis de reconquérir. Vous êtes un peu en avance sur votre planning ?
Laurent Guimier : Je ne crois pas que ça soit très modeste de dire qu'on est en avance. Oui, on monte un peu plus vite que ce qu'on avait prévu. On a fidélisé et là, on progresse. Sur un an, on monte sur toutes les tranches, week-end compris. C'est très important pour nous parce que le reformatage de France Info passait par une antenne avec la même proposition de 4 heures à minuit, du lundi au dimanche. Donc cette progression sept jours sur sept est plutôt de nature à nous rassurer, encore plus que le chiffre global. On a un format qui se réinstalle avec un service qu'on essaye d'avoir le plus homogène possible toute la semaine. Ca prend du temps.
Comment se porte votre matinale ?
Le 6h-9h est stable sur un an, c'est à dire qu'on gagne 50.000 auditeurs. Sur une vague, on gagne 0,3% d'audience cumulée. On sent qu'il y a un décollage sur le 6-9 sur la courte période depuis septembre. Même si cela reste à confirmer, c'est plutôt de nature à nous rassurer. Pareil sur nos autres tranches phares comme le 12h-14h avec une augmentation sur une vague qui est assez sensible.
Vous êtes plus faible en soirée...
Sur le 20h-21h, on progresse de 0,1%sur un an et on baisse en revanche sur le 21h-22h. Globalement, la seule tranche où l'on est faible, c'est le 21h-minuit. Je pense que c'est dû à une forte évolution de la consommation de l'information en soirée. La proposition d'info en continu à la télé a fortement augmenté à ces heures-là avec une audience très domestique, c'est-à-dire une consommation qui se fait dans le salon ou la chambre à coucher.
Justement, quels sont vos chantiers prioritaires désormais ?
D'abord, consolider et essayer de faire évoluer la grille là où ça monte moins. On a surtout notre projet de radio visuelle en streaming sur lequel on avance. Il va nous amener à travailler dessus jusqu'à la rentrée prochaine. Mais sur l'antenne en elle-même, pas de changement à opérer puisque ce qu'on a fait, c'est installer un format et une organisation pour que l'actu arrive sur l'antenne de France Info dès qu'elle se produit. On va conserver ce qu'on a mis en place.
Vous disiez en août que le sport et l'économie étaient les deux thématiques que vous alliez réinvestir. En avez-vous d'autres en tête désormais ?
On continue là-dessus pour l'instant. Aujourd'hui, ce sont deux thématiques qui sont bien installées sur l'antenne. Sur l'économie, on est monté en gamme. On a un plus fort pouvoir de prescription et des rendez-vous se sont installés comme "L'interview éco" de Jean Leymarie. Sur le sport, je reste très prudent. On enregistre des progressions intéressantes, notamment le week-end. On devance même ces jours-là notre concurrent sur le terrain sportif, RMC.
Sur le numérique, pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet de radio visuelle ?
Non, je ne peux pas. Je confirme que c'est quelque chose d'absolument inédit par rapport aux autres radios. On a encore des questions d'organisation à régler. On vous en reparlera dans les prochaines semaines.
La semaine dernière a été particulièrement ardue pour l'ensemble des médias. Quel bilan tirez-vous de la couverture par France Info de cette actualité tragique ?
Je me félicite de notre couverture des évènements parce qu'en termes d'organisation, on a tenu le coup. C'est à dire que de mercredi 11h50 jusqu'à lundi soir, on a fait de l'info 24h sur 24, ce qu'on ne fait pas d'habitude puisqu'on s'arrête entre minuit et quatre heures. Après, sur le fond, le débat ne fait que commencer. Je suis en tout cas très fier des équipes.
Vous avez adopté globalement une approche plutôt prudente, non ?
Oui, car nous avions les moyens de l'être. On a un service police-justice composé de cinq personnes qui, jour et nuit, est là pour valider l'information donnée sur nos antennes. C'est aussi très important pour nous, France Info, station d'information du service public, d'être capable de dire à l'antenne : 'On ne sait pas' à propos d'une information sortie ailleurs. On l'a dit plusieurs fois la semaine dernière et on l'assume. L'idée n'est cependant pas de fanfaronner en disant : "On n'a pas fait d'erreur" mais bien de se dire qu'on a tenu nos engagements éditoriaux même dans les moments de très fortes tensions.
Si vous avez accepté de dire à l'antenne que vous ne saviez pas certaines choses, avez-vous refusé d'en dire d'autres que vous saviez ?
Bien sûr, c'est évident ! Et je ne vais vous dire lesquelles. Mais pour être très honnête, la plupart du temps, on n'a pas communiqué certaines informations parce que nous n'étions pas sûrs. Je n'ai aucun problème à le dire.
Vous participerez à la réunion du CSA demain ?
Oui, avec le président de Radio France, Mathieu Gallet.
Vous avez déjà débriefé la séquence avec vos équipes ?
On va débriefer vendredi avec le comité de direction de France Info. J'ai demandé à chacun de faire une note sur ce qui a marché et ce qui n'a pas marché. Et puis, on se retrouvera avec les équipes la semaine prochaine pour en parler.