Après une saison marquée par l'échec de "L'émission pour tous" mais aussi l'annonce de son arrivée aux commandes des "Grosses Têtes" sur RTL à la rentrée prochaine, Laurent Ruquier a accordé une interview confession au Point à l'occasion de la sortie de son autobiographie baptisée "Radiographie".
Au cours de cet entretien, l'animateur qui côtoie presque chaque samedi soir des responsables politiques dans "On n'est pas couché" sur France 2 a notamment donné avec franchise son sentiment sur la vie politique française actuelle. Ce fils d'ouvrier du Havre a ainsi expliqué faire désormais parti du camp des abstentionnistes. "J'ai voté Hollande au second tour, mais j'appartiens aujourd'hui au plus grand parti de France : les abstentionnistes" a-t-il simplement confié.
Et Laurent Ruquier de faire part de son désabusement : "Je ne sais plus pour qui voter. Si je continue à penser que je suis de gauche, c'est pour les valeurs sociétales. Les grands progrès de société, comme l'abolition de la peine de mort, sont marqués à gauche. Mais à côté de ça, on oublie complètement les problèmes économiques et sociaux" a regretté l'animateur de France 2 et Europe 1. Avant d'expliquer : "Que 25% des électeurs votent pour Marine Le Pen, ça a presque une forme de logique. Il faut bien que ces gens votent quelque part. C'est là tout le drame : on laisse le champ libre au FN".
Interrogé ensuite sur son éventuel voeu pour 2017, Laurent Ruquier a semblé ne pas vraiment en avoir. "Moi, ça ne modifiera pas ma vie. J'ai 51 ans, ma carrière est faite. Si je votais seulement pour ma pomme, je voterais à droite. D'ailleurs, je ne comprends pas les gens qui vous reprochent d'être de gauche et d'avoir de l'argent. C'est, il me semble, plutôt courageux. A titre personel, le bouclier fiscal de Sarkozy était formidable. Pour autant, je ne vote pas pour mon bien-être, mais pour ce que je pense être celui de la majorité". Et Laurent Ruquier d'exprimer sa crainte d'un remake en 2017 du duel de 2012 : "Que voulez-vous que les Français votent ? Ils se prononcent contre la Constitution européenne, et puis on ne les écoute pas. Franchement, si on se retrouve en 2017 avec un duel Hollande-Sarkozy, je ne donne pas cher de notre pays. C'est quand même pathétique" a-t-il lâché.
Au cours de cet entretien définitivement très politique, Laurent Ruquier a aussi été invité à revenir sur les positions exprimées en mai par Eric Zemmour au cours d'une chronique sur RTL dans laquelle il avait notamment vanté les mérites des "sociétés homogènes" comme le Japon. Sur son ancien chroniqueur dans "On n'est pas couché", Laurent Ruquier affiche un avis pour le moins partagé. "Je n'ai jamais partagé la moindre demi-ligne de ce que racontait Eric. Je pense qu'il est tombé dans sa propre caricature. C'est l'engrenage médiatique qui le rend fou" a-t-il analysé dans un premier temps.
Mais Laurent Ruquier a ensuite tenu à souligner la sympathie que lui inspire malgré tout le journaliste. "Cela n'empêche pas que des gens qui n'ont pas vos idées peuvent être extrêmement sympathiques dans la vie. Et j'ai beaucoup de sympathie pour Zemmour" a-t-il expliqué. Avant de tacler Eric Naulleau : "Tandis que les actes d'un Eric Naulleau ne correspondent pas forcément à la générosité qu'il affiche dans ses propos...".
Laurent Ruquier a cependant immédiatement tempéré son propos : "Je n'oublie pas ce qu'Eric a apporté à 'On n'est pas couché', tout comme j'aimerais qu'il soit plus fair-play vis-à-vis d'une émission qui lui a beaucoup apporté aussi" a conclu l'animateur, en référence à plusieurs attaques de son ancien chroniqueur contre ses successeurs.
Concernant son talk-show du samedi soir, Laurent Ruquier a par ailleurs confirmé son intention de sortir du clivage gauche-droite qui était jusque-là la marque de fabrique de l'émission. D'où son choix de remplacer Natacha Polony par Léa Salamé : "Ce débat gauche/droite devient assez ridicule. C'est pour ça que la saison prochaine, je souhaite que la journaliste Léa Salamé succède à Natacha Polony. Je voulais deux bons intervieweurs. Je n'ai plus besoin d'avoir des éditorialistes de gauche ou de droite, mais un vrai couple de journalistes qui posent de bonnes questions" a expliqué l'animateur.