L'effet JO n'aura été que de courte durée. Depuis la fin des épreuves de Sotchi, qui boostaient considérablement les audiences du 20 Heures de France 2, l'écart avec celui de TF1 se creuse. Hier, 4,2 millions de téléspectateurs choisissaient David Pujadas quand 6,8 millions préféraient Gilles Bouleau. Un écart de 2,6 millions de téléspectateurs et 10 points de parts de marché. Il y a un an à la même période, il n'était que de 6 points. En mars 2012, année présidentielle favorable à la Deux, la différence entre les deux journaux n'était que de 1,4 million de fidèles.
L'access de la chaîne, toujours en difficultés, est bien sûr dans le viseur. Après deux mois d'antenne, Laurent Ruquier n'est pas devenu la locomotive d'avant-JT tant espérée. Avec seulement 1,4 million de téléspectateurs en moyenne ces derniers jours, le réservoir d'audience est très limité. Sur TF1 à la même heure, les téléspectateurs sont quatre fois plus nombreux ! Juste avant le générique du 20 Heures, la Une a donc une salle remplie à 80%, quand celle de France 2 ne l'est qu'à 40%. Et quoi de plus difficile que d'attirer le public une fois le JT lancé ? France 2 a donc choisi de l'allonger, jusqu'à 20h40 désormais.
La direction de la chaîne l'a observé pendant les JO : un access fort, c'est un journal qui gagne quatre ou cinq points de parts d'audience. France 2 réfléchit donc à de nouveaux formats pour dynamiser son 16h30/20h. "Le chantier est en cours sur le 20 Heures, la réflexion est permanente. Tout comme sur l'access. Le 20 Heures est bas, l'access aussi. Nous avons une réflexion globale et une responsabilité collective", répond Thierry Thuillier, patron de France 2. Pas question donc de faire de Laurent Ruquier le bouc émissaire des difficultés du 20 Heures, comme avec Sophia Aram en début de saison.
L'érosion de l'audience des 20 Heures en semaine n'est pas un phénomène nouveau. Il y a 10 ans, en mars 2004, TF1 rassemblait pour sa grand messe présentée à l'époque par PPDA près de 10 millions de téléspectateurs, soit 40% du public. La Une a perdu en une décennie 13 points de parts de marché et 3,3 millions de téléspectateurs. Colossal !
De son côté, France 2 résiste mieux au nouveau paysage concurrentiel, avec 1,8 million de téléspectateurs égarés et 8 points d'audience perdus en 10 ans. Pas question donc pour la chaîne publique d'accélérer la chute et de creuser un écart qu'elle a eu tant de mal à contenir. France 2 teste donc de nouveaux produits éditoriaux, une manière de rappeler que son 20 Heures est toujours en mouvement. Et moderne. La bonne presse autour de l'arrivée Gilles Bouleau et ses bonnes audiences sur TF1 avaient un peu paralysé les équipes du JT ces derniers mois. Objectif, reprendre du poil de la bête.
Depuis plusieurs semaines, la rumeur enfle à la rédaction de France 2 : David Pujadas est-il en partie responsable de ces contre-performances d'audiences du JT ? "La direction teste des choses, consulte beaucoup. Elle dit à qui veut l'entendre qu'il faut s'attendre à des changements radicaux. Le départ de Puj', tout le monde en parle", confie un journaliste de la rédaction. "En 2015, France Télévisions aura sans doute un nouveau président. Le temps de Thuillier pour faire ses preuves et imprimer sa marque est compté", analyse un autre.
Pour certains, David Pujadas, aux commandes du 20 Heures de France 2 depuis 13 ans souffrirait du syndrôme PPDA : compétent mais institutionnel, légitime mais cristallisant trop de critiques, moderne mais un poil ringard. Thierry Thuillier, très proche du présentateur et désormais patron de France 2, peut-il s'en séparer ? "Les rumeurs ne sont pas fondées, David Pujadas reste à sa place, répond-il à puremedias.com. Il vaut mieux se concentrer sur le contenu des JT plutôt que sur les personnalités". Pour combien de temps ?