C'est une bien nébuleuse histoire judiciaire que révèle aujourd'hui Le Point. Celle de Lazare Groune, le patron de la station méridionale à destination des jeunes, "Vitamine". Ce dernier accuse la justice de s'acharner contre lui depuis trois ans et pointe notamment du doigt l'attitude d'un vice-procureur de Toulon qu'il accuse d'organiser une véritable "cabale" pour "(l)'abattre et permettre à (s)es ennemis de mettre la main sur (s)a radio". "Vitamine" est une radio régionale émettant dans le sud-est de la France, de Marseille à Monaco. Cette station musicale varoise revendique 200.000 auditeurs, 25 salariés et un chiffre d'affaires qui pourrait bientôt atteindre entre 10 et 15 millions d'euros depuis que le CSA lui a attribué de nouvelles fréquences, notamment pour émettre à Paris.
Malgré ces fondamentaux plutôt flatteurs, "Vitamine" traverserait actuellement une très mauvaise passe, plombée par les ennuis judiciaires de son PDG, Lazare Groune. Tout commence en 2010 lorsque le frère et la soeur de ce dernier, membres du Conseil d'administration de la station, ont porté plainte contre lui auprès du tribunal de Toulon pour "fabrication de faux statuts" et "détournement de fonds". Ils accusent leur frère de s'être mis dans la poche 1 million d'euros appartenant à la radio.
Une information judiciaire est immédiatement ouverte. Dans le même temps, une enquête approfondie des services fiscaux sur tous les mouvements financiers de la station et de Lazare Groune aboutit, selon Le Point, à la découverte d'une somme injustifiée de 4.000 euros. On est donc loin du million évoqué et aucune infraction pénale n'est alors relevée. Cela n'empêche pas les juges d'instruction en charge de l'affaire de mettre en examen Lazare Groune en juin 2011 pour "abus de biens sociaux", "abus de confiance", "faux et usage de faux", tout comme le comptable et le directeur général de "Vitamine". Lazare Groune sera même écroué pendant 9 jours près de Toulon.
Des ennuis judiciaires qui, à la longue, fragilisent grandement les comptes de la station. Entre les frais de justice et la baisse des recettes publicitaires, la radio aurait ainsi connu un manque à gagner de 2 millions d'euros selon les calculs de son propre PDG, cité par notre confrère. Lazare Groune crie donc à l'acharnement judiciaire. Il remet notamment en cause l'attitude d'un vice-procureur de Toulon contre lequel il a porté plainte nominativement. Pour illustrer cet acharnement dont il se dit victime, il évoque ainsi des plaintes déposés contre son frère et sa soeur qui ont été, soit classées sans suite, soit "enlisées sur ordres" selon lui.
Quoiqu'il en soit, le magistrat mis en cause par Lazare Groune s'est depuis déporté de l'affaire et la plainte déposé contre lui par le patron de radio devrait bientôt, après de très nombreux rebondissements, être instruite à Paris. Mais le patron de "Radio Vitamine" ne compte visiblement pas en rester là et a déjà fait part de son envie de saisir également le Conseil supérieur de la magistrature et l'Inspection générale de la police nationale afin de démontrer que les policiers de l'enquête ont été instrumentalisés par le magistrat toulonnais. Quant à l'affaire de détournement de fonds, elle semble ne toujours pas avoir été jugée.