Rien ne va plus à "Libération". Après la démission de Nicolas Demorand, le départ d'Anne Lauvergeon du conseil de surveillance et de Philippe Nicolas du directoire, la procédure de "droit d'alerte" a été déclenchée par le comité d'entreprise. Le droit d'alerte peut être activé quand les salariés ont à leur connaissance des faits "de nature à affecter de manière préoccupante la situation économique de l'entreprise" (article L 2323-78 du Code du Travail). Il permettra aux salariés de formuler des questions par écrit aux actionnaires.
Depuis plusieurs semaines, le journal est en crise. Les tensions entre la direction et les salariés se cristallisent autour de l'avenir éditorial du journal. Chroniquement déficitaire, Libé a perdu entre 1 à 1,5 million en 2013 alors que ses ventes ont baissé de 15% l'année dernière. Plombé par une dette de 6 millions d'euros, les salaires pourraient ne pas être versés en février. La rédaction s'est déjà vivement opposée à un projet de la direction de transformer le journal en "réseau social". "Nous sommes un journal", ont ré-affirmé les journalistes à la Une de leur quotidien il y a peu.
Ce matin, François Moulias, nommé membre du directoire en janvier dernier, a remplacé Nicolas Demorand à la tête du titre, a révélé puremedias.com. Ce proche de l'actionnaire Bruno Ledoux prend donc la place de Philippe Nicolas, qui était seul à la tête du directoire depuis le départ de Demorand avant d'être débarqué hier. De numéro trois, François Moulias est donc devenu numéro un. "C'est un putsch", se désolent les journalistes.
Par ailleurs, Pierre Fraidenraich, ex-patron d''i-TELE et actuellement à Canal+, a été nommé au conseil de surveillance du quotidien. "Sans dévoiler la teneur de ce qui a été annoncé au cours de ce conseil de surveillance (hier, mercredi NDLR), nous pouvons seulement écrire qu'ont été prises des décisions importantes et très inquétantes quant à l'avenir du journal", écrivait Libé ce matin. On devrait en savoir plus demain dans les colonnes du journal.