Le marathon du "Rastignac version running" n'en finit pas de faire des vagues au "Figaro". Le week-end dernier, le "Figaro Magazine" consacrait un reportage de 11 pages abondamment illustré à la participation d'un des rédacteurs en chef du quotidien, Guillaume Tabard, au marathon de New York. Ce reportage avait rapidement éveillé les soupçons de la rédaction qui avait regretté dans un courriel interne la légère distorsion de la hiérarchie de l'information et demandé "plus de mesure dans la mise en avant de tel ou tel collaborateur".
Mercredi, Le Canard Enchaîné révélait que le marathon de Guillaume Tabard avait été sponsorisé par la marque sportive Asics, dont l'un des modèles de chaussures, porté par le journaliste du "Figaro", figure en bonne place dans le reportage. Très remonté, la société des journalistes (SDJ) du groupe de presse a fait savoir à l'AFP qu'elle devrait être reçus d'ici la fin de la semaine par Alexis Brézet, le directeur des rédactions du Figaro.
Lundi, cette même SDJ avait déjà été reçue par le directeur de la rédaction du "Fig Mag", Guillaume Roquette. Dans un communiqué publié après cette rencontre, elle avait fait savoir qu'elle ne pouvait "tolérer qu'un sujet soit ou non retenu en fonction d'un financement extérieur, qui plus est quand celui-ci est directement lié au sujet en question".
Lors de cette entrevue, Guillaume Roquette avait confirmé que le fabricant de chaussures Asics avait participé financièrement aux frais du reportage, selon la SDJ. Le directeur de la rédaction du "Fig Mag" aurait également estimé "naturel" que Guillaume Tabard, qui possède "cinq paires d'Asics", parle de ses chaussures "car c'est l'accessoire essentiel du coureur".
"Les chaussures sont peut-être l'accessoire essentiel du coureur, mais pas celui du journaliste et, en l'espèce, le journaliste est réduit à une activité d'homme-sandwich au profit d'une marque commerciale", avait dénoncé la SDJ, qui soulignait dans son texte que ce reportage risquait "de jeter injustement la suspicion sur tous les autres reportages du Fig Mag". La SDJ avait en conséquence demander à la direction de renoncer définitivement à ce type d'opérations "qui ne sont pas conformes aux règles d'éthique en vigueur au Figaro".