Le cinéma français est dans la tourmente. Depuis une tribune assassine de Vincent Maraval sur la rémunération des acteurs, les réactions se multiplient, de la part des principaux intéressés. Eric Garandeau, président du CNC, a pris la défense du cinéma français tandis que François Berléand et Dany Boon n'ont pas hésité à dévoiler leurs vrais salaires afin de rétablir la vérité. Cette fois, c'est Mathieu Kassovitz qui s'en mêle.
Invité d'Ali Baddou dans "La Nouvelle Edition" sur Canal+ ce midi, l'acteur et réalisateur qui avait déjà "enc*** le cinéma français" face à un supposé manque de reconnaissance des professionnels a en partie donné raison à Vincent Maraval. "Je suis aussi réalisateur donc, parfois, je dois subir les acteurs trop payés et, parfois, j'en bénéficie comme acteur" a-t-il avoué. Néanmoins, Mathieu Kassovitz tempère sa réponse.
"Sur le concept même du travail d'acteur, je considère qu'on est tous trop payés. Est-ce que les acteurs français sont trop payés ou pas ? La réponse est oui et non. Ils sont trop payés par rapport à plusieurs choses comme la rentabilité des films. Mais ils ne sont pas trop payés parce qu'on ne travaille pas tous les jours de l'année" s'est justifié l'acteur et réalisateur, confiant lui-même être "extrêmement payé pour (ses) films".
"Moi, je suis acteur, je demande tant, je ne vais pas refuser qu'on me le donne. Les raisons pour lesquelles on me le donne, ce qui est étrange, ne sont pas liées à ma capacité de faire rentrer des gens dans la salle mais plus à ma capacité à amener les financiers dont les chaînes de télévision à rentrer dans un film" continue Mathieu Kassovitz, qui estime par ailleurs qu'"un comédien qui fonctionne gagne à peu près le même salaire qu'un patron d'une grande entreprise qui a des milliers de travailleurs sous ses ordres et qui est responsable de choses".
"Nous, on est responsables de rien sauf d'essayer de faire des bons films. Par contre, ce qu'il a lui, c'est qu'il a des dividendes. Ce que nous, on n'a pas. Mais, si on regarde le salaire du patron de EDF, il gagne moins que moi pour une responsabilité qui est énorme. Mais lui, il a des dividendes" précise Mathieu Kassovitz. Malgré ces imposants salaires, le réalisateur juge que le cinéma français a perdu de sa superbe. "Il est vieillissant. Il essaye de copier un format qui n'est pas le sien. Le cinéma français, pour moi, n'a pas évolué depuis des années" analyse-t-il.
Et ce constat sur le cinéma français pousse Mathieu Kassovitz à... quitter la France ! "Je suis en train d'essayer de dégager de ce pays comme Depardieu, pas pour les mêmes raisons parce que malheureusement, je ne suis pas aussi riche que lui. Créativement parlant, j'ai du mal à continuer à travailler dans un pays qui a enfermé le cinéma dans une espèce de copie conforme d'un modèle américain" se justifie Mathieu Kassovitz.
Par ailleurs, le comédien et réalisateur affirme "comprendre" la démarche de Gérard Depardieu, qui a obtenu un passeport russe afin d'échapper au fisc français. "Il fait ce qu'il veut (...) Si je gagnais ça, au revoir !" juge Mathieu Kassovitz. Néanmoins, pour ce dernier, "Depardieu, il a oublié que c'est un copyright comme le camembert. Depardieu représente la France, Depardieu est la France".