La messe est dite. Une fois n'est pas coutume, France Culture a défrayé la chronique en diffusant sur son antenne une messe particulière il y a quelques jours. Retransmise en direct de de Notre-Dame des Doms à Avignon dans le Vaucluse, elle a été assurée par Monseigneur Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d'Avignon. Au cours de son homélie du 15 juillet, l'homme d'église a notamment pris pour cible le "mariage pour tous", qui "peut bien exister" mais "ne sera jamais qu'une amitié, aussi belle soit-elle", mais aussi le droit à l'avortement à propos duquel il a déclaré, affirmant citer le Pape François : "Au siècle dernier, tout le monde était scandalisé par ce que faisaient les nazis pour entretenir la pureté de la race. Aujourd'hui, nous faisons la même chose, mais avec des gants blancs".
Sur ce dernier point, l'archevêque a même confessé, en référence à Simone Veil : "Je vous avoue que j'ai pleuré il y a quelques semaines en voyant conduire au Panthéon de la République le corps de celle qui a permis la légalisation de l'avortement". Cette homélie d'une dizaine de minutes a suscité nombre de réactions indignées sur les réseaux sociaux.
Interrogée mardi par "Tétu", la directrice de France Culture est revenue sur la polémique. "J'ai découvert l'existence de cette homélie de l'archevêque d'Avignon via les tweets. Et même un peu plus tard, puisque je n'écoute pas la messe le dimanche à France Culture", avoue Sandrine Treiner. Sollicitée par le médiateur de Radio France, elle avait qualifié quelques jours plus tôt les propos de Mgr Jean-Pierre Cattenoz, publiquement connu pour ses positions conservatrices sur les questions de société, de "propos déplacés". Elle a écrit à la Conférence des évêques de France dans l'attente d'un rendez-vous pour "faire en sorte que ce genre de situation ne se reproduise pas".
La directrice souligne que les contenus relatifs aux émissions cultuelles sont placés sous la responsabilité d'un producteur délégué, le frère Jérôme Rousse-Lacordaire. Egalement questionné par "Tétu", ce frère dominicain explique de son côté que c'est un autre prêtre qui devait à l'origine prononcer l'homélie de la messe à Avignon et qu'il a été remplacé une dizaine de jours avant par l'archevêque, sans aucune justification et sans que le producteur n'ait son mot à dire.
Il n'a pas jugé utile d'informer France Culture de ce changement d'intervenant, rappelant que chaque prêtre est maître en son église. "Je n'imaginais pas qu'il prendrait en quelque sorte l'homélie d'une messe pour une tribune pour lancer des anathèmes", explique le frère Rousse-Lacordaire. Il estime que l'archevêque n'a rien improvisé, poussant même le souci du détail jusqu'à se faire filmer afin que la vidéo de l'homélie soit disponible sur le site du diocèse.
"Tétu", qui craint que l'acte de l'archevêque d'Avignon ne crée un précédent propice à de futurs débordements, souligne qu'aucun garde-fou n'existe à l'heure actuelle pour la maîtrise de l'antenne de France Culture lors de ces retransmissions, qui font d'ailleurs partie du cahier des charges de Radio France.
"Ces obligations ne sauraient être une tribune, estime cependant la directrice de France Culture sur le site de la station. "C'est la première fois, à ma connaissance, qu'une pareille situation se présente et est imposée, en direct, sur notre antenne", ajoute-t-elle. Et de rappeler auprès de "Tétu" : "Toutes les discussions concernant un éventuel changement sur la présence de la religion catholique sur notre antenne passent par Radio France et par l'instance de régulation entre les cultes qui est le bureau des cultes du ministère de l'Intérieur". Le podcast intégral de la fameuse messe est toujours disponible sur le site de France Culture.