Pascal Chevalier prend la parole. Alors que près de 200 journalistes de Mondadori ("Grazia", "Télé Star", "Closer") ont décidé de quitter le groupe de presse suite à son rachat par Reworld Medias, le patron de ce dernier a reconnu dans les colonnes des "Echos" aujourd'hui n'avoir peut-être pas pris suffisamment le temps d'expliquer son projet. S'il juge ces départs "compréhensibles car la presse magazine est en crise", Pascal Chevalier croit aussi détecter en eux un "effet d'aubaine". "Chez Mondadori, il n'y avait pas eu de clause de cession depuis quinze ans, il est donc logique que les départs soient importants", a-t-il souligné. Pour rappel, la clause de cession est un dispositif permettant aux journalistes de démissionner à des conditions avantageuses lors d'un changement d'actionnaire.
Surtout, Pascal Chevalier a tenté de rassurer sur son projet éditorial alors que bon nombre de journalistes en partance estime que Reworld Medias veut convertir les magazines de Mondadori en contenus de marques. "Notre projet, c'est de lancer de multiples idées nouvelles, de les tester sur ce secteur en pleine transformation qu'est la presse magazine et de lui réinventer une vie dans le numérique", a-t-il résumé. "Je comprends que ce choc des cultures, que nous avons peut-être sous-estimé au départ, puisse heurter chez Mondadori qui n'a pas fait d'innovation depuis longtemps. Un groupe qui totalise 3% de son chiffre d'affaires dans le digital, contre... 74% pour Reworld", a ajouté Pascal Chevalier.
Et le patron de Reworld Medias, dont le conseil d'administration comptera l'ancienne ministre de la Culture, Fleur Pellerin, en son sein, de préciser : "Journalisme et publicité sont deux métiers séparés chez Reworld (...) Notre modèle n'est pas publicitaire, il est plutôt axé sur la vente au lecteur. Notre métier, c'est avant tout de créer du contenu sur tous les supports, presse papier, numérique, vidéo, podcast... pour multiplier les points de contacts avec le lecteur qui est notre premier client, l'annonceur publicitaire étant le deuxième". Au cours de cet entretien, Pascal Chevalier a enfin estimé que le papier n'allait pas mourir, "même à quinze ou vingt ans".