Hémorragie chez Mondadori. Selon Yves Corteville, élu SNJ-CGT chez Mondadori France, cité dans les colonnes du "Figaro", près de 200 journalistes du groupe de presse ont décidé de quitter Mondadori après son rachat par Reworld Media. Pour rappel, le rachat de Mondadori par Reworld est effectif depuis deux mois. Durant ce laps de temps, tous les journalistes du groupe ont été invités à se positionner pour bénéficier de leur clause de cession. Ce dispositif permet aux journalistes de démissionner à des conditions avantageuses lors d'un changement d'actionnaire.
Selon "Le Figaro", ce sont 75% des effectifs qui ont choisi de prendre leur clause. Autant dire que les titres de presse de Reworld seront quasiment des coquilles vides, que le nouvel actionnaire aura le choix de repeupler ou non. Ainsi, tous les journalistes de "Top Santé" - dont la fabrication a d'ores et déjà été externalisée par Reworld - ont décidé de partir. À "Pleine Vie", la rédaction est également intégralement décimée, à l'exception d'une personne. 90% des membres de la rédaction de l'hebdomadaire féminin "Grazia" s'en vont également. À "Télé Star" et "Closer", la moitié des effectifs est sur le départ, dont la patronne des rédactions, Laurence Pieau, qui a quitté le groupe, tout comme les six autres principaux directeurs des rédactions.
"Les représentants du personnel ne savent toujours rien sur le projet de Reworld pour nos titres" explique Yves Corteville, élu SNJ-CGT, dans "Le Figaro". Annoncé l'année dernière, le rachat des titres français de Mondadori par Reworld, à la réputation sulfureuse dans le milieu de la presse magazine, avait suscité une grande inquiétude parmi les salariés. Les syndicats soupçonnent notamment Reworld de vouloir se séparer du plus de journalistes possible pour potentiellement les remplacer ensuite par des chargés de contenus pouvant écrire du publi-rédactionnel. Une méthode que le groupe a déjà utilisé lors de précédents rachats de magazines, dont "Marie Claire", "Maison et Travaux" et "Auto Moto".
Les syndicats reprochent par ailleurs à Reworld d'avoir fixé un délai très court pour profiter de la clause de cession dans le but d'encourager un maximum de journalistes à partir. À titre de comparaison, après le rachat de "L'Express" à Altice par Alain Weill, les journalistes ont douze mois pour faire jouer leur clause de cession. À noter que les salariés de Mondadori ont tenté d'empêché la cession à Reworld. Début septembre, le Conseil d'Etat puis le tribunal de grande instance de nanterre avaient rejeté une demande des salariés de Mondadori France visant à suspendre en référé la cession.