Une journaliste de "La Nouvelle République" a été entendue, hier, en "audition libre" par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), a révélé le Syndicat national des journalistes et en particulier la section SNJ de "La Nouvelle République" du Centre-Ouest / Centre Presse.
"Cette audition fait suite aux poursuites lancées par le parquet de Tours pour 'recel du secret professionnel' et 'recel du secret de l'enquête'", a-t-elle contextualisé sans donner davantage d'éléments. "Sans entrer dans les détails, la procédure concernait un fonctionnaire de police", a tweeté le journaliste de "La Nouvelle République" et collègue de la journaliste auditionnée, Julien Coquet.
"En agissant ainsi, le procureur de la République attaque délibérément un pilier de la démocratie et de l'exercice journalistique : la protection des sources", s'insurge la section syndicale selon qui "cette démarche a pour but de faire peur et de faire taire". Et de développer : "Faire peur, d'abord, en voulant intimider toutes les personnes susceptibles de témoigner de faits graves auprès d'un journaliste. Faire taire, ensuite, en attaquant judiciairement les journalistes qui voudraient en rendre compte."
C'est pourquoi le SNJ "demande au parquet de Tours de respecter la protection des sources journalistiques, la liberté de la presse, celle d'enquêter et de rapporter les faits", dénonçant une série "d'intimidations envers les journalistes". "Certains sont menacés, d'autres sont la cible de procédures-bâillons devant les tribunaux de commerce", cite le SNJ.
En la matière, il est vrai que les exemples ne manquent pas. À la mi-décembre 2022, des journalistes de "Disclose" et Radio France ont été convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) après une enquête sur l'armée française.
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Ils ont été auditionnés dans le cadre d'une enquête ouverte pour "révélation ou divulgation d'information permettant l'identification d'un membre d'une unité des forces spéciales". "Déclenchée en 2021, la procédure vise directement les journalistes pour avoir révélé l'identité d'un membre d'une unité des forces spéciales", contextualisait "Disclose" à l'époque. "Pour avoir dévoilé le nom du militaire, les trois journalistes sont passibles d'une peine de cinq ans de prison et de 75.000 euros d'amende".
Deux autres médias, "Reflets.info" et "Médiapart" ont, de leur côté, été confrontés ces derniers mois à des procédures-bâillons menées par des représentants du pouvoir économique (Altice) et politique (le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau).