Canal+ a trouvé sa nouvelle héroïne de choc. Elle s'appelle Roxane Bauer, elle a 32 ans et vous n'allez pas lui résister très longtemps. Avocate dans le droit des affaires dans un prestigieux cabinet d'affaires du VIIIe arrondissement de Paris, cette bourgeoise mène la grande vie. Jusqu'au jour où son mari, Samuel Bauer, avocat dans le même cabinet, est accusé de viol par une ancienne stagiaire....
Carriériste et déterminée, Roxane ne va pas se laisser abattre. Et encore moins renoncer à sa carrière. Pour aider Yasmine, son amie d'enfance, elle va accepter de défendre un dossier au Tribunal de Bobigny. De retour dans le quartier qui l'a vu grandir, l'avocate va devoir faire face à son passé (et à un lourd secret que les téléspectateurs découvriront au fur et à mesure de la saison) et retrouver ceux qu'elle a fui depuis plus de quinze ans. De l'autre côté du périph, elle va découvrir une nouvelle vocation et embrasser la carrière d'avocate pénaliste en Seine Saint-Denis en tentant de sauver un voyou impliqué dans une affaire de trafic de cocaïne.
Création originale Canal+ tout droit sortie de l'imaginaire d'Anne Landois (scénariste derrière "La promesse" et les saisons 3 et 6 de "Engrenages"), la première saison de "66-5" (l'article de loi sur le secret professionnel qui lie les avocats à leurs clients), est une réussite de la première à la dernière seconde. Jouant avec les codes du judiciaire sans jamais en abuser, la fiction mélange les genres (polar, familial, romantique...) tout en conservant une légèreté salvatrice grâce à une galerie de seconds rôles plus attachants les uns que les autres. Mais c'est à Alice Isaaz qu'il faut en premier lieu remettre les lauriers. Capable d'incarner avec intensité une "caillera" du 93 puis d'apparaître crédible lors d'une plaidoirie la minute suivante, l'actrice illumine chaque plan dans ce rôle à mi-chemin entre Erin Brokovitch et Alica Florrick (l'héroïne de "The Good Wife").
La série tire également sa puissance dans son casting aux origines diverses et aux langages variées. On craque pour la douce folie de la meilleure amie campée par Nailia Harzoune, on ne résiste pas à la jeunesse de Rudy (joué par Melvin Boomer), on flippe devant le policier véreux joué par Victor Pontecorvo, on adore la malice de la juge jouée par Rani Bheemuck et enfin que dire du charisme et du côté sauvage de Raphael Acloque, le badboy qui va faire chavirer notre héroïne (et nous aussi).
L'autre grande prouesse de "66-5" vient de sa réalisation. La série montre la banlieue sous un angle qu'on ne voit que trop peu à la télévision. Filmée en plein été à la cité de l'Abreuvoir, la série jouit d'une image lumineuse et chaude. À l'opposé total de l'imaginaire collectif. "C'est une série d'été. Je voulais filmer Marseille à Paris... et m'inscrire à l'opposé de ce que l'on trouve habituellement dans les séries sur le monde des cités. Je voulais rendre grâce à leurs habitants. Dans '66-5' cette banlieue tant malmenée, devient un endroit moins hostile qu'à l'ordinaire", explique Danielle Arbid, réalisatrice des épisodes 1 à 4.
Le tout donne un résultat irrésistible où le Tribunal de Bobigny paraît plus "familial" qu'effrayant, où avocats et juges se côtoient avec bienveillance et convictions. Reste un scénario solide où certaines séquences frôlent parfois avec le documentaire. "Je travaille depuis longtemps avec une avocate pénaliste, Clarisse Serre, qui me conseille et dont le parcours a inspiré celui de Roxane", explique Anne Landois. "L'affaire de trafic de cocaïne au centre de cette première saison, qui est d'une grande complexité, est calquée sur une affaire qu'elle a plaidée. J'avais assisté au procès dans son intégralité. Au fil des suspensions d'audience, j'ai sympathisé avec les prévenus. Deux d'entre eux sont devenus mes consultants. Ils m'ont expliqué les dessous du dossier et ce qu'ils ne pouvaient pas dire à l'audience. Ils m'ont aussi raconté l'univers carcéral, les relations avec les codétenus. Nous avons aussi pu visiter des lieux comme la prison de Villepinte". Addictive, chaude et attachante, "66-5" est la pépite de la rentrée télé. Ne la ratez pas.
* "66-5" est diffusée, à raison de deux épisodes par semaine, le lundi soir sur Canal+ depuis le 18 septembre 2023. La série est également disponible sur MyCanal.