Marine Le Pen a-t-elle imposé à France 2 le casting de l'émission "Des paroles et des actes" dont elle est l'invitée principale jeudi soir pour le lancement de la campagne des européennes ? C'est en tout cas ce qu'affirme sur son blog Jean Quatremer, journaliste à "Libération" couvrant les affaires européennes à Bruxelles. A l'en croire, la leader du FN aurait refusé de débattre avec le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, arguant qu'il s'agissait d'une "campagne (électorale) française".
"Un comble pour une élection européenne..." a raillé Jean Quatremer sur son blog, expliquant que la leader du FN craignait en réalité "d'avoir face à elle un contradicteur pugnace qui sait parfaitement ce qu'elle ne fait pas au Parlement européen". Et le journaliste de critiquer le comportement de France 2 dans cette affaire, coupable selon lui de s'être soumise au désiderata de Marine Le Pen. "Une belle preuve d'indépendance journalistique : est-ce aux invités de choisir leurs contradicteurs ? N'aurait-il pas été davantage conforme à la déontologie journalistique que David Pujadas renonce à inviter Le Pen ?" a ainsi interrogé Jean Quatremer.
Les accusations du journaliste de "Libé" ont été immédiatement battues en brèche par Gilles Bornstein, rédacteur en chef de "Des paroles et des actes". Contacté par puremedias.com, ce dernier a reconnu que Marine Le Pen avait bien exprimé le souhait de ne pas débattre avec Martin Schulz pour les raisons invoquées par Jean Quatremer. Mais Gilles Bornstein a tenu à dénoncer l'"interprétation totalement fausse" faite par le journaliste de cet évènement. "Ça n'a rien à voir avec 'se coucher'. "Ça n'a rien à voir avec l'indépendance journalistique. On le fait avec tous les invités. Ce n'est pas la particularité de Marine Le Pen" a-t-il expliqué.
"Le débat est un débat. On discute" a ajouté le rédacteur en chef de "Des paroles et des actes". Selon lui, il est logique que les invités aient un droit de regard sur leurs partenaires de débat. "On ne peut pas obliger Marine Le Pen à débattre avec quelqu'un, en l'occurrence Martin Schulz" a-t-il également fait valoir. Un exemple ayant justement eu lieu dans "Des paroles et des actes" avec Marine Le Pen conforte d'ailleurs le point de vue de Gilles Bornstein. C'était pendant la campagne présidentielle de 2012. La présidente du FN avait refusé à l'époque de débattre avec Jean-Luc Mélenchon. Le candidat du Front de Gauche était quand même venu en plateau ce jour-là, ce qui avait donné lieu à une séquence assez ubuesque dans laquelle le leader du Front de gauche parlait seul face à une Marine le Pen mutique.
Cette problématique du choix des débatteurs n'est d'ailleurs pas propre à "Des paroles et des actes". Dans de nombreuses émissions de débat, les équipes sont souvent contraintes de jongler avec les exigences des différents invités pour construire leur plateau. Récemment encore dans "Le Grand Journal" sur Canal+, Brice Hortefeux avait refusé de débattre avec Edwy Plenel suite à la publication d'écoutes le concernant dans "Médiapart". Les deux hommes s'étaient finalement exprimés l'un après l'autre en plateau.